Quand l’Everest devient le théâtre d’un dernier acte mythologique

Le cinquième et dernier tome de Le Sommet des dieux est un peu comme atteindre le sommet de l’Everest après une ascension éreintante : l’air se raréfie, le paysage est sublime, et chaque page semble peser mille tonnes d’émotion. Jirō Taniguchi et Baku Yumemakura livrent ici une conclusion qui embrasse à la fois la grandeur des montagnes et la petitesse des hommes face à leur immensité.


Ce dernier volet est un tour de force visuel. Taniguchi sublime chaque fissure de roche, chaque bourrasque de neige, chaque ombre projetée par les montagnes titanesques. On ressent physiquement le froid, la peur, et cette étrange euphorie qui pousse les alpinistes à défier les lois de la nature. L’Everest n’est pas seulement un décor, il est un personnage à part entière, majestueux et impitoyable.


L’intrigue, qui mêle quête personnelle et enquête obsessionnelle, atteint ici son apogée. On suit avec fascination Fukamachi et Habu, deux hommes rongés par des obsessions différentes, mais unis par une même volonté d’affronter l’inaccessible. Si Fukamachi reste le fil rouge narratif, c’est Habu, l’alpiniste solitaire et téméraire, qui vole la vedette. Sa détermination frôle l’insanité, et pourtant, impossible de ne pas être captivé par ce personnage quasi-mythologique.


Le tome 5 est aussi une réflexion puissante sur la condition humaine. À travers les silences, les gestes, et les regards, Taniguchi et Yumemakura explorent les thèmes de la gloire éphémère, du dépassement de soi, et de l’obsession destructrice. Chaque planche semble murmurer : "Pourquoi grimper ? Parce que c’est là." Une réponse simple, mais qui cache des abîmes de complexité.


Cependant, si cette conclusion est magistrale, elle n’est pas exempte de lourdeurs. Le rythme peut sembler contemplatif à l’excès, et certains lecteurs pourraient trouver que le récit s’attarde un peu trop sur des détails techniques. Mais pour ceux qui apprécient la lente montée en tension, cette langueur devient un atout, renforçant l’impression de vivre chaque minute de l’ascension.


En résumé : Le Sommet des dieux, tome 5 est une conclusion à la hauteur (littéralement) de ses ambitions. Une œuvre qui transcende le genre pour devenir une méditation sur la folie, la grandeur et la quête de l’impossible. Un dernier acte où chaque page est une bouffée d’air raréfié, à la fois sublime et suffocante. Un sommet, dans tous les sens du terme.

CinephageAiguise
9

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Créée

le 6 déc. 2024

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