Nebraska, 1898. Un train laisse trois hommes en gare. Tous vont passer la nuit au Blue Hôtel. Dehors, le blizzard. Parmi les trois visiteurs, un homme est suédois et donne son nom à l’ouvrage scénarisé et dessiné par Christophe Gaultier : « Le Suédois », librement inspiré du roman de Stephen Crane, « Blue Hotel ». Le livre est édité chez Futuropolis, dans un format entre le A4 et le A5, pour 96 pages.

C’est donc une forme de huis clos auquel on a affaire. On est très proche de la pièce de théâtre : un lieu unique (l’hôtel) et un temps unique (la nuit). Chacun des protagonistes voyage selon diverses raisons. Bloqués dans cet hôtel, la tempête sévissant à l’extérieur, les esprits vont s’échauffer lors d’une partie de carte.

Le livre tiens avant tout par son ambiance. En effet, aucun des protagonistes n’est bavard, beaucoup sont même sacrément laconiques. Beaucoup de cases sont donc muettes, renforçant l’atmosphère lourde de l’hôtel, confinant à la paranoïa. Car perdus au fond du Nebraska, que sont donc venus chercher ces hommes ? Une rédemption ? La mort ?

Peu à peu, les personnages s’étoffent jusqu’à la confrontation inévitable. Le Suédois, le plus méfiant, sera évidemment au centre de tout cela. Il est un peu dommage cependant qu’en étant si peu bavard (peu de dialogues, pas de narration…), Christophe Gaultier laisse le lecteur imaginer tout le background des personnages. Un sentiment d’inachevé reste dans la bouche à la fin de la lecture. Certes, l’ouvrage présente une rencontre dans un hôtel entre des hommes très différents, mais un peu plus de substance chez les personnages aurait permis de plus impliquer le lecteur au niveau de l’empathie.

Le dessin est clairement le point fort de l’ouvrage. Je suis tombé amoureux du trait de Christophe Gaultier, relâché, expressif et surtout puissant. Les couleurs jouent un rôle majeur dans les ambiances. Nuit, veillée au coin du feu, blizzard… Tout est rendu parfaitement et sans cela, l’atmosphère aurait été bien moins pesante. En cela, ça justifie le peu de dialogues et de narration de l’ensemble. « Le Suédois » est avant tout un livre d’ambiance.

Au final, je suis resté un peu sur ma faim en fermant l’ouvrage. Mais avec un graphisme aussi magistral et une ambiance aussi maîtrisé, je vais de ce pas me tourner vers les autres ouvrages de l’auteur, tant sa patte est personnelle et originale.
belzaran
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le 7 nov. 2012

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belzaran

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