Après, entre autres, un polar Proies faciles, Miguelanxo Prado se lance dans le conte, la fable. Et après un album noir et blanc, il use d'une palette de couleurs très large et vive ainsi que la couverture le laisse imaginer. A part une toute petite réserve quant à la police de caractères choisie pour les êtres magiques un peu difficile à lire, je n'ai rien à dire, j'ai beaucoup aimé. Les dessins et la couleur d'abord, c'est souvent par cela qu'on entre ou pas dans une bande dessinée. Les visages des personnages sont enrichis de traits fins et noirs soulignant les rides, les plis, les arêtes ; je ne saurais pas dire ce que ça leur apporte, mais c'est un détail qui m'a marqué.
L'histoire puise dans les légendes et notamment celtiques puisque Triskel il y a, mais elle s'inspire surtout de l'état actuel du monde ou l'état du monde actuel, je ne sais quelle formulation choisir, donc je mets les deux. L'urgence climatique, la dégradation de la planète due aux activités humaines, on peut comprendre que certains êtres supérieurs, magiques aient des envies de génocide humain pour sauver les autres êtres vivants et la Terre. Je me demande comment certains peuvent encore nier cette urgence et l'absolue nécessité de changer de société. Le profit, la consommation, certes, mais à qui profiteront-ils puisqu'on s'approche du mur à grande vitesse ? C'est sur ces idées qu'est construite la fable de Miguelanxo Prado. Un superbe album lisible dès l'adolescence et jusqu'à un âge très avancé.