Pourquoi, en bibliothèque, très souvent lorsque je prend une bd indé, c'est un récit de voyage ? Au Japon qui plus est, qui est un pays dont j'ai lu plusieurs ouvrage. (Et vu l'état de mon portefeuille, c'est pas demain la veille que je partirai.)
A vrai, dire, ce qui va me marquer dans cette bd n'est pas vraiment la partie voyage. On est pas mal à la surface et ça reste un cliché de "on est allé là et on a vu ça / on a acheté ça." Et au final, c'est rarement très très passionnant, à l'exception de quelques petits moments de grace comme de danser avec un papi, de voir une vieille dame japonaise qui danse le flamenco seule dans un bar (l'autrice est argentino-espagnole, ça doit être un choc très étrange) où à la toute fin, elle et son amie qui se font une enfilade de Tori tellement serrés les uns aux autres qu'on dirait un tunnel.
Non, ce qui va me marquer c'est l'extrême fatigue de l'autrice. Au début de la bd, celle-ci et Loli se prennent un jet-lag dans la figure, et elles sont tellement exténuées qu'elles ont du mal à profiter d'être sur place. Et je me dis mentalement "ok, vivement les parties où elle se repose." Et ça n'arrivera jamais. Durant tout la quasi intégralité du "voyage de sa vie", Agustina est soumise à des crises d'angoisses et des insomnies. Et la bd ne donne pas vraiment de raison précise à cela : elle est loin de son fils, elle doit improviser (et déteste ça) elle est dans un pays qu'elle ne connait pas, elle veut que tout soit une expérience, etc...
Et je comprends tout à fait. Cela m'a évoqué ce voyage que j'avais fait à Berlin il y a 12 ans où je n'arrivais pas à fermer l'oeil de la nuit malgré le fait que j'avais fait du stop pour venir. Cette impression frustrante d'être dans un endroit où tu es censé profiter de chaque minutes mais d'être bien trop crevé pour en profiter, de faire n'importe quoi, ces moments où tu te dit "mais je tiens pas debout, je vais forcément dormir cette nuit," mais le sommeil ne vient pas.
Cette bd raconte aussi l'amitié qu'elle porte à sa copine Loly qui tente par tous les moyens de calmer ses crises d'angoisses et de la canaliser malgré le fait que celle-ci ne soit pas un roc et qu'elle ai ses moments de déprime (bien illustré à quelques moments du manga.) Toutefois, j'ai eu du mal à les différencier parce qu'Aguerrero à tendance à les dessiner pareil, et il a fallut que je me trouve un moyen mnémotechnique (Loly c'est celle qui a une tresse dans les cheveux.)
En vrai, passé ces moments qui retranscrive la bd aurait pu être un récit de voyage assez anecdotique et dessiner dans un style relativement "blog bd cartoon".