Léonard, c'était très très bien.
Les premiers albums étaient plein d'anachronismes au moins aussi rigolos que ceux d'Astérix, le personnage de Léonard qui ne se prend pas pour de la merde et son looser de disciple formaient un duo bien rôdé, bien soutenus par les diverses inventions et running gags inspirés. En terme de graphisme, la série reste assez homogène. Seul le premier album tranche radicalement du reste, dès le 2e on est en bonne voie, et le rodage a été assez rapide. Le 6e album par exemple, Génie en Ballade, a un style très proche de celui encore en place aujourd'hui. Les albums aux aventures uniques justement, Génie en ballade particulièrement mais aussi La guerre des génies, étaient des franches réussites.
Comme souvent dans les BD qui durent, ils ont agrandi la famille après quelques albums. Mathurine est arrivée, puis après pas mal d'album de figuration, Raoul, Bernadette et le crâne ont pris plus d'importance. Personnellement, tout comme j'aime l'époque Gaston où 95% des gags se concentrent sur Fantasio et Gaston, j'aime bien aussi les premiers temps où le reste de la rédac a de l'importance. Léonard c'est pareil : J'aimais la simplicité de l'époque du duo, mais les premiers temps où le reste de la petite smala a de l'importance, ça fait le café également.
Mais voilà : Après deux décennies, un déclin s'amorce pour diverses raisons. De plus en plus, on sent des copiés/collés de nombreuses cases presque aussi fréquents que ceux d'une BD comme Garfield, un des maîtres du genre. Outres celles discrètes mais qu'on finit par griller après quelques lectures, quelques planches entières sont basées sur la répétition des mêmes cases avec diverses excuses, celle du voyage dans le temps restant la plus fréquente. Oh et je ne sais plus à quel album est arrivée celle toujours en place aujourd'hui, mais je n'aime pas non plus la typo et l'apparence des phylactères. Quand un personnage a beaucoup à dire, c'est moyennement agréable à lire.
Question scenario, le reste de la petite smala prend parfois un peu trop d'importance. Certains gags virent totalement Léonard et le disciple pour se concentrer sur les animaux et là je dis non. Et ces gags font de plus assez bouche-trou. Car le fait est qu'on sent que l'inspiration concernant les inventions va diminuendo, logique, ça ne pouvait pas durer éternellement. Cela va de pair avec un essoufflement et une répétition abusive de certaines blagues. Combien de fois, même à la belle époque, me suis-je dit "Ah ce gag ils l'ont déjà fait dans tel album". Mais depuis 15 ans, un en particulier :
Léonard qui durant les premières années était assez inventif pour être cruel avec son disciple, en châtiments corporels mais également en répliques assassines, se contente plutôt depuis les années 2000 bêtement d'user de son tromblon à chaque contrariété, au point que ça devienne vraiment, mais vraiiiiiment lassant. Et puis si le manque d'originalité ne suffisait pas, autre truc bien pratique : Ni vu ni connu, ça permet de caser des cases (haha) avec l’onomatopée "BLAM" fréquemment, ça fera moins à dessiner.
Globalement je dirais que Léonard c'est très bien, vraiment très bien même, jusqu'au début des années 90. Je ne me lasse pas des 20 premiers albums. Puis ça commence un peu à décliner dans le courant de la décennie, alternant toujours du très bon avec du bof. La période fadasse commence en gros avec les années 2000, après le sympathique Les bons contes font les bons génies.
J'ajouterai que vous avez un indicateur assez simple pour avoir une idée de la qualité de l'époque : Regardez la liste des titres. Quand vous sentez qu'ils commencent vraiment à galérer pour faire un bon jeu de mots avec Génie (Quelques titres bien médiocres en vrac : Le génie donne sa langue au chat, Trésor de génie, Génie du stop, Génie de l'insomnie) ça coïncide avec le moment où ils commencent à galérer pour le reste.
Au final j'ai passé trop de temps sur les points négatifs à mon goût, alors je le redis : Certes c'est plus ce que c'était, mais durant des dizaines d'albums, Léonard était une BD pleine de trouvailles, au rythme soutenu, aux gags qui faisaient mouche et avec une vraie identité. A conseiller à tous, y compris aux enfants qui découvrent la BD. A partir de 8 ans, c'est nickel.