Comme pour le précédent recueil, dix nouvelles de l'auteur Junji Itô, dont on ne présente plus l'apport phénoménal dans la sphère manga, attendent d'être découverte dans ce deuxième volet. La réédition en grand format de ses œuvres par Mangetsu est accueillie avec beaucoup de plaisir, tant certains de ses écrits étaient devenus difficiles à se procurer à des prix raisonnables.
Pour ce volume 2 des chefs d'œuvres de Junji Itô, on pourra y retrouver une conséquente postface signée par Morolian, spécialiste de Junji ito sur nos vertes contrées, ainsi que des notes de l'auteur à chaque fin de nouvelles pour éclaircir un brin leur contexte de création. En guise de préface, c'est la vidéaste française Maghla qui nous gratifie de son appréciation globale de l'oeuvre de Ito.
En ce qui ce concerne le contenu de ce recueil, bien que certaines nouvelles aient droit à des fins un brin brusques, on en retire toujours un étrange plaisir à les lire. Un plaisir presque macabre à entamer chacune de ces histoires, ce frisson étrange qui nous parcoure l'échine tout au long des pages qui défilent, et le cœur serré de voir le sordide sort des protagonistes condamné à errer dans des environnements cauchemardesques...
Tout cela contribue à statufier le génie de Itô ainsi que sa maîtrise de l'ambiance et des situations souvent grotesques dans lesquels il désire nous emmener. On vogue aussi aux côtés de personnages parfois plus violents que leur environnement, à l'image de cette femme dans La Sadique dont le plaisir à séquestrer des enfants ne peut que la rendre antipathique. Et comment ne pas mentionner ces deux nouvelles ou s'illustre l'étrange Soichi, ce garçon aux dents de clous adorant se jouer de ses camarades de classe par des tours pervers ?
C'est donc une pléthore d'univers effroyables que nous montre Junji par son coup de crayon si unique, arrivant si aisément à imager de fiévreuses hallucinations que l'on aurait préféré garder sous scellé, et dévoilant au passage les horreurs d'un quotidien pourtant si banal.