Morris et Goscinny continuent l'exploitation des frères Dalton après le très drôle Les Dalton dans le blizzard et c'est toujours aussi réussi. Cet album est composé de deux histoires distinctes, les Dalton courent toujours (1960) et Les Dalton sur le sentier de la guerre parue en 1961, toutes deux dans le Parisien libéré avant de sortir chez Dupuis en 1964.
Les Dalton courent toujours est un récit de 12 pages plutôt moyen où les Dalton sont amnistiés d'un pénitencier et tentent de narguer Lucky Luke. Un peu comme dans Les Dalton se rachètent, la naturel reviendra vite au galop et Lucky Luke devra s'employer pour les remettre derrière les barreaux. Assez peu d'humour, scénario basique et personnages secondaires peu développés mis à part les gardiens du pénitencier qui étaient bien partis pour prendre des vacances. C'est pourtant cette histoire qui prendre la titre de l'album Dupuis.
L'histoire vraiment intéressante de cet album est la deuxième, Les Dalton sur le sentier de la guerre, à la fois dans une certaine continuité avec la première mais qui peut se lire indépendamment de celle-ci.
Dans ce récit, les Apaches ont déterrés la hache de guerre contre les blancs et attaquent la première institution à laquelle ils se confrontent : le pénitencier...des Dalton. Il n'en faudra pas plus pour que Joe sente le bon coup de s'associer avec la tribu de Tichose. A part dans Tortillas pour les Dalton, les associations sont finalement très rares dans la saga, les Dalton étant plutôt solitaires dans leur démarche.
Récit haletant et vivant, très drôle, avec une grande galerie de personnage variés, Les Dalton sur le sentier de la guerre est une histoire franchement réussie dont on pourra retenir quelques éléments :
- Averell (et Joe) sont certainement sur leur sommet humoristique de la saga après Les Dalton dans le blizzard
- Rantanplan est en forme, pas son meilleur album mais c'est un bon cru
- Les Indiens avec leur chef Tichose et leur émissaire Alfonsino sont excellents, dignes et touchants malgré leur appétence martiale. On sent qu'on est entre le ridiculisme indien vu dans Alerte aux Pieds-Bleus et le respect de Canyon Apache ; la patte Goscinny s'est clairement fait ressentir.
- Lucky Luke joue juste et endosse à nouveau le costume de leader vu dans Billy the Kid
- Les personnages secondaires, officiels du pénitencier et Jolly Jumper, à ce moment de la saga très discret mais déjà allergique à Rantanplan, reçoivent également un traitement de qualité.
Bref une très belle deuxième histoire, qui si elle avait constituée un 44 pages, aurait pu être un classique de Lucky Luke. Mais avec des si, on mettrait les Dalton en cellule.