Beaucoup de gens dans ma vie me demandent ce que je pense d’Alan Moore, étant dans une optique assez similaire à lui en vrai (mon mysticisme, ma véritable passion envers les mouvements ouvriers européens et la nostalgie pour l’époque où cette culture était puissante et glorieuse, et bien entendu, le fait que, malgré mon attachement aux super-héros en tant que vecteurs d’histoires intrigantes, je tente de m’interroger sur le fascisme latent au sein de cette pop-culture). Très souvent, j’ai des critiques assez dures à faire envers ses histoires les plus populaires (surtout Watchmen, que je trouve très surestimé). L’histoire qui fait de Alan Moore la légende pour moi demeure cette trilogie présente dans ce livre.


Déjà, "For the Man Who Has Everything" est probablement connu par les gens de ma génération comme la source d’origine ayant amené à l’épisode du même titre par Bruce Timm et son équipe dans la série animée "La Ligue des Justiciers" (la seule adaptation reconnue par Alan Moore lui-même). Mais, malgré les acclamations de l’épisode par les fans, je suis obligé de reconnaître que le comics est mieux, par le cadeau de Superman qui, au lieu d’être une jouissance absolue, est une ode à une nostalgie et à un conservatisme réconfortants mais conduisant à l’exclusion du passé.


Ce rêve est autant mieux que l’on connaît le personnage de Moore, et que l’on est donc au courant de son ambition de voir dans le fanatisme pour mecs en collants une source de fascisme… N’était-ce pas ce désir constant de retourner au stade anal qui amène à cette envie d’autorité et d’ordre? Après tout, le national-socialisme n’était qu’une manière de revenir à Rome, car tous les chemins de la Réaction Impérialiste conduisent à Rome. Je vais noter que c’est clairement un Batman des années 70 qui est encré dans son époque, et je trouve le désir de Bruce tel que décrit dans le dessin animé bien plus pertinent et percutant. Je saute l’histoire avec Swamp Thing, car les lecteurs s’en foutent de Swamp Thing.


Quant à "Whatever Happened to the Man of Tomorrow?", l’opposition entre le héros de l’Âge d’Argent et l’Age Sombre de le BD, avec Mister Mxyzptlk devenant un cliché d’un Anti-Monitor voulant détruire toute forme de réalité, qui finit par mourir. C’est une fois que Clark se rend compte qu’il ne pas subsister dans l’Âge Sombre du Comics sans se salir les mains et donc ne plus être Superman, qu’il choisit la fin de Superman. Le moment où Kal-El se met à pleurer reste intelligent, car c’est la première fois que le Clark de ce univers a peur pour sa vie, et même pour son concept en tant que tel.


C’est assez brillant d’avoir mis ces deux histoires dans le même ouvrage, car ces deux contes parlent de la même chose : une nostalgie pour un passé lointain devant disparaître au profit du modernisme capitalisme, avec une individualisation des désirs couplée à la fascisation des jeunes libéraux-libertaires des années 70. La grande conclusion.


Par contre, en tant que gros fan de Brainiac des années 60, je dois parler de lui : Brainiac, entité froide et implacable, incarne l’effroi à son paroxysme. Sa présence est un vertige, une menace qui dépasse l’entendement, une intelligence qui réduit le destin des mondes à de simples variables dans une équation cosmique. Brainiac parvient à contrôler Lex Luthor et à faire de lui un simple hôte tel un parasite.


Chaque personnage a son petit quart d’heure de gloire dans cette fresque grandiose, bien que certains semblent relégués aux marges du récit, par rapport à des persos surprenant tels que Krytpo, Lana Lang, la Légion des super-héros, ou Perry White.



En bref, une belle mise en abîme pour terminer Superman.

Ours-a-Lunettes
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il y a 4 jours

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