S'il y a bien une raison pour laquelle j'ai crée une page exprès pour l'ensemble de la série Légendaires, c'est pour offrir un avis global de ce qui est probablement ma bande dessinée préférée.
Ce n'est pas forcément la mieux écrite, on trouvera des récits bien plus subtils dans des comics tel que Watchmen ou des mangas comme Death Note.
Ce n'est pas non plus la mieux dessinée, bien que j'adore le style de Sobral, je dois admettre que je suis plus sensible à des dessinateurs comme Briand Bolland, John Romita Jr ou Greg Capullo.
Alors qu'est-ce qui fait que j'aime tant Les Légendaires ? Parce que ça a été la première fois que j'ai tant accroché à un bouquin. Je me souviens encore de mes huit ans où un ami avec que je n'ai pas parlé depuis dix ans mais dont je me souviens encore le nom m'a tendu un double-album des légendaires regroupant les deux premiers tomes. A l'époque, seuls dix tomes étaient parus, et j'étais encore loin de me rendre compte de ce que j'allais lire.
Les débuts des Légendaires furent captivants pour le gamin de huit ans que j'étais. J'étais subjugué par cette histoire de monde de fantasy où tout les gens sont redevenus enfants, un concept peu prometteur, mais qui à mon sens, a toujours été bien exploité. J'ai collectionné l'intégralité de la série, et désormais, à chaque nouveau tome paru, je suis le premier à entrer dans ma librairie pour l'acheter.
Car les Légendaires a su faire quelque chose que peu de BD grand public ont fait, le risque.
Quand on lit les premiers tomes des Légendaires, c'est gentil, certes il y a de bons combats, une histoire sympathique et des enjeux sympas du genre, tenter de contrer l'effet qui a rajeuni les personnages. Mais plus on avance, plus les enjeux prennent de l'ampleur au sein du groupe. Au début, c'est sauver le monde des elfes, sauver tel monde, sauver telle communauté. Mais à partir d'un certain moment, même si le sort du monde des Légendaires est toujours en jeu, la narration s'axe plus sur les conséquences au sein du groupe.
Je le redit, au début, tout est gentil, les Légendaires sont unis, mais à partir d'un certain moment, on se rend compte de la fragilité du groupe, un leader pas toujours sûr de ses choix (Danael), un membre au passé violent qui ressurgit (Razzia avec le retour de Tenebris). La cerise sur le gâteau, c'est quand Sobral ose la pire chose qu'il pouvait faire, (attention spoiler), à savoir, tuer Danael, le leader du groupe. Les Légendaires sont dans une merde pas possible, tu pense que sur un retournement de situation improbable ils vont s'en sortir comme ça a toujours été le cas, mais non, ici, sans vergogne, tu vois tes héros favoris se faire couper le bras, transpercer, aveugler, dans une violence incroyable.
A l'époque, je n'avais que dix ans quand j'ai lu ce tome, et ça a été un véritable dépucelage. Comprenez-le bien, j'avais été habitué à Astérix, Titeuf ou des trucs tout droit sortie du Journal du Mickey, et dans ma bande dessiné préférée, je voyais mes héros se faire zigouiller par un mec beaucoup plus puissant qu'eux qui deux pages avant, venait de tuer leur leader.
Ça a été le déclic, comme si quelque chose venait de se débloquer dans ma tête, une ambiance oppressante, violente et dramatique venait de s'emparer de la série, et n'allait jamais la quitter. La série venait d'entrer dans un second arc bien plus sombre, plus subtil aussi, avec des scénarios complexes. Disons-le clairement, c'était l'âge d'or de la série.
Je fonçais chaque semaine sur le site officiel pour être au courant des dernières news, je me jetais sur le moindre magazine capable de me donner des indices, quelques planches de dessins qui assouviraient mon impatience. Et chaque nouvelle lecture était un plaisir incroyable, j'étais malmené par Sobral qui s'était mis à faire vivre toutes les horreurs possibles à ses héros. Il s'amusait à créer des conflits au sein du groupe, à nous faire douter de chaque personnage, sur ses motivations.
J'étais constamment pris au dépourvu à chaque lecture, et j'attendais impatiemment la sortie de chaque tome. J'étais devenu accroc. Après, tout n'est pas bon non plus dans les Légendaires.
J'adule le deuxième arc qui est indéniablement le meilleur, mais les débuts de la série ne sont pas non plus très bons, et depuis quelques années, Sobral a pris un nouveau risque. Il y a eu comme un changement total des personnages, un truc bizarre que je n'aimerai pas spoiler, mais voilà, depuis la fin du dix-huitième tome, il s'est passé quelque chose qui était aussi osé que la mort de Danael, mais ce qui en découle me paraît presque fade et surtout décevant. Disons-le clairement, et au risque d'attrister certains, je trouve que les derniers tomes de la série sont d'une qualité inférieure à ce que Sobral nous avait habitué. Mais bon, il ne reste que trois tomes avant que tout soit fini, alors peut-être nous prépare-t-il quelque chose de sensationnel pour la fin ?
Sobral a les cartes en main pour nous offrir un final grandiose, et même si je suis réticent face à ses derniers tomes, je garde une certaine confiance et je continu d'acheter chaque tome des Légendaires le jour de sa sortie. Il n'empêche qu'en relisant l'intégralité de la série, je me suis souvenu à quel point j'aime Les Légendaires, à quel point je suis attaché à ces personnages et que j'ai grandi avec eux. J'aime cette série, et même si j'ai sans doute lu mieux objectivement, ça reste celle-ci qui me fait le plus vibrer.