L'avis de 666Raziel sur la série (6 tomes)
Je ne sais pas si c'est parce que j'ai commencé la bande dessinée adulte avec Les Chroniques de la Lune Noire ; toujours est il que j'ai un petit faible pour la "dark fantasy".
Initialement lancée comme une volonté d'innover dans la fantasy, il faut toutefois admettre que, depuis quelques années ce fondement diminue puisque les "méchants" sont plutôt à la mode. Pour autant, certaines œuvres parviennent toujours à tirer leur épingle du jeu.
Arawn est, sans conteste, de celles là.
Ce qui va faire la grande force de cette série est qu'elle s'inscrit dans un registre plus mythologique que fantastique. En effet, des personnages à l'univers, en passant par la narration, tout rappelle les œuvres classiques des mythes historiques.
Arawn est donc un personnage de la mythologie celtique britannique. Et tout le récit (dont il est lui même le narrateur) s'articule autour de sa vie ; de sa naissance à son accession au rang divin. Ce style narratif est très judicieux puisqu'il pousse le lecteur à s'intéresser à autre chose qu'au scénario a proprement parlé. Dès les premières pages vous savez déjà comment l'histoire va se terminer et l'on vous évoque également les événements qui vont s'y produire. Pour autant, le lecteur restera captivé tout au long des 6 tomes car le chemin parcouru se révèle tout aussi intéressant que le final vers lequel il se dirige.
Il est donc question de prophéties, de luttes fratricides, d'amour et de trahison, le tout dans une ambiance mythique où le côté dark a été quelque peu accentué.
Car il n'y a pas vraiment de gentil ou de méchant dans cette histoire. La folie et les pulsions dominant la majorité des actes des personnages, on comprend assez vite qu'à part le narrateur, il n'y a pas de protagonistes auxquels on puisse véritablement s'accrocher. Le récit avance comme une tragédie impitoyable qui sait, néanmoins, rester vraisemblable. Même si le récit est souvent épique, il n'est jamais baroque. Les batailles et les duels restent dans la logique du contexte.
En outre, bouclé en 6 tomes, le scénario reste parfaitement rythmé. Entre flashbacks et développement, quasiment tous les aspects de l'intrigue sont couverts. Le lecteur classique aura largement de quoi être rassasié ; tandis que pour les plus gourmands, il reste Les Chroniques d'Arawn pour les quelques points laissés dans l'obscurité.
Venons en à présent aux dessins.
N'ayons pas peur de l'admettre, l'une des raisons qui a fait que je me suis intéressé à cette série réside dans les splendides couvertures de chaque tome.
Globalement, les dessins sont sublimes. Et heureusement car sans un tel niveau de réalisation, ils n'auraient jamais survécu à la critique de leur côté stéréotypé.
Il faut dire que, dans Arawn, beaucoup d'éléments font très clichés. Les femmes sont toutes très belles et en petites tenues alors que les hommes sont souvent sous des armures épaisses. Les architectures rappellent plus souvent les peintures de Luis Royo que le bon sens. Enfin, quelques petits détails humoristiques viennent exacerber le côté dark en faisant comprendre au lecteur que les auteurs connaissent bien le public auquel ils s'adressent.
En conclusion je dirais que la série Arawn est une recette réussie. Avec un bon équilibre entre les ingrédients classiques et innovants, cette bande dessinée a largement de quoi contenter les lecteurs habitués au genre tout comme les novices. Concis, la série reste facilement abordable. Et, cerise sur le gâteau, le titre s'apprécie autant du regard que pour ce qu'il raconte.
Bref, une lecture que je vous recommande vivement !
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