« Le château des animaux » s’était fait remarquer notamment par ses graphismes splendides de Félix Delep. Xavier Dorison y mêlait alors deux influences : « La ferme des animaux » d’Orwell et la lutte pacifique de Gandhi. Car cette série est une œuvre à thèse. L’auteur veut montrer comment lutter contre une dictature pacifiquement, avec tous les problèmes que cela pourra poser.
Dans ce deuxième tome, on s’intéresse à l’hiver et plus précisément au bois de chauffage. Les animaux vont récupérer du bois en forêt qu’ils doivent ensuite payer pour se chauffer. S’ils ne payent pas, ils n’ont pas accès que poêle la nuit. Des animaux vont alors décider de refuser de payer le bois et rester dormir dans la grange glacée. S’ensuit une série de pressions du côté du pouvoir et de la rébellion. Mais toute avancée ne se fait jamais sans conséquences…
Poussé par son côté « démonstration », « Le château des animaux » est une œuvre très bavarde. Mieux vaut aimer parler politique et luttes d’influences. Les réappropriations, les prises de pouvoir, les mises au pilori… Voilà ce que propose la série. On pourra regretter certaines scènes presque rébarbatives à force de débats sans fin (ou presque), mais c’est le prix à payer pour développer les propos des auteurs.
Ce deuxième tome ne fait finalement pas beaucoup avancer l’histoire. Il fonctionne de façon très indépendante au premier. On part de l’hiver, du problème du bois et tout se termine par un événement final qui clôt l’ensemble. Le dictateur reste, bien entendu, toujours au pouvoir. Si l’histoire globale avance peu, certains personnages se développent tranquillement et gagnent en épaisseur, notamment du côté du pouvoir.
L’ensemble est toujours porté par un dessin splendide. Les animaux de Delep sont magnifiques, expressifs et graphiquement très réussis. Mais le soin est également apporté aux décors et aux ambiances hivernales de ce tome. Le dessinateur donne beaucoup de force et de dynamisme à des planches pas toujours simples à réaliser, dialogues obligent. Les découpages sont riches et variés. C’est clairement parmi les bande-dessinées classiques les plus belles du moment.
Ce deuxième tome confirme l’intérêt de cette série tout en en gardant les écueils. Série politique à thèse, elle ne plaira pas à tout le monde, la faute à des dialogues parfois rébarbatifs. Malgré tout, les personnages sont suffisamment réussis pour qu’on se laisse emporter par l’ouvrage. Un bel hommage à la résistance pacifique. Pour cela, le pari est réussi.