Fred Neidhardt a fait de sa vie le point de départ de ses histoires. Dans « Les pieds-noirs à la mer », il raconte l’histoire de sa famille – notamment ses grands-parents – partis d’Algérie après l’indépendance. C’est toute une histoire de l’Algérie (et de la colonisation) qui nous est raconté avec les rancœurs et le racisme qui en découle. Le tout est paru chez Marabulles pour une centaine de pages.
Fred Neidhardt inscrit son histoire dans son retour, à 19 ans, chez ses grands-parents. Fâché avec ses parents à Besançon, il débarque à l’improviste à Marseille. C’est l’occasion de ressasser le passé et d’affronter le présent avec ses cousins.
« Les pieds-noirs à la mer » est un ouvrage de mémoire, plus autobiographique. En effet, la personne de Daniel, sert de prétexte à faire surgir les souvenirs. Son histoire à lui n’a pas beaucoup d’intérêt en soi. C’est avant tout le racisme qui est dénoncé dans l’ouvrage. Un racisme plein d’ambiguïté et de contradictions. Le grand-père est antisémite et a épousé une juive… Et les pieds-noirs, avec une haine de l’arabe, parlent arabe quand bien même… Cette idée d’intolérance créée par l’indépendance est développée sur de nombreux plans et personnages.
L’auteur développe toujours cette fascination pour sa jeunesse. Ainsi, le coté désuet est assumé, notamment dans les couleurs. Dommage que Fred Neidhardt s’obstine avec cette colorisation assez crade. Certes, on s’habitue, ça donne un côté seventies, mais on sent que ce pourrait être plus réussi (comme sur la couverture par exemple). Cela manque d’harmonie.
Le côté récit de l’ouvrage se révèle un peu lourd. En effet, outre le récit du personnage principal et son passage à Marseille, de multiples récits s’ajoutent. Du coup, ça papote beaucoup et l’ensemble est parfois un peu lourd. La narration fatigue : on a l’impression d’être en weekend en famille, mais ce n’est pas notre famille. Il aurait fallu peut-être un autre point de vue ? Un autre narrateur ?
« Les pieds-noirs à la mer » est un ouvrage intéressant en tant que témoignage. Le devoir de mémoire fonctionne et explique (sans excuser) les rancœurs de cette communauté à leur retour en France. Mais en tant que bande dessinée, j’ai eu du mal à me passionner pour cette histoire, qui m’a semblé un prétexte à raconter une histoire familiale par anecdotes. Pour l’aspect dénonciation du racisme, l’ouvrage est pertinent. Pour le reste, je suis plus mesuré.