Critique commune au diptyque où Arleston lâche enfin tout son potentiel, dans une aventure épique où les références font mouches, les personnages et situations passionnent et surtout les thèmes sont enfin explorés à fond.


Concernant les références, il s'attaque évidemment aux deux cultures asiatiques les plus diffusées, celles chinoises et japonaises. L'hommage aux films d'arts martiaux, avec vengeance et honneur, est parfait. En outre, on retrouve les clichés des ninjas, des samourais, plein d'allusions à la culture moderne de ces pays et notamment aux jeux vidéos, au trafic de drogue dans le triangle d'or asiatique. L'orient en prend gentillement pour son grade avec par exemple l'apprentissage de moine pour Tyneth. On sent qu'Arleston s'éclate franchement avec cette histoire de cailloux et ces « mystères de l'orient », il s'amuse dans ses délires sur les baguettes pour manger, les mikados ou les bambous. Mourier aussi se marre à construire en dessin toutes ces villes aux architectures improbables, à caricaturer tout une culture par son trait.


Au niveau du rythme, le premier tome se veut le parfait élève de la série, sans temps mort, enchaînant à merveille les phases, plaçant son humour tout du long à merveille et arrivant au climax sur ses deux-trois dernières planches ; Le second du diptyque a une narration moins réussies, davantage dirigée vers l'essentielle et l'action. Les deux se complètent à l'arrivée et on sent une unité de l'histoire, sans ventre mou, qui fait franchement plaisir.


L'intégration à l'univers de Lanfeust se fait sans souci, Arleston respecte ce qu'il avait pu établir sur le Darshan, concernant les trolls ou la magie par exemple. Il utilise aussi les mouches au cœur de l'action comme le tome 8 avait commencé à faire.


L'histoire générale reprend globalement le cultissime « les 101 dalmatiens » avec une méchante souhaitant un manteau de fourrure en peaux de petits trolls. Papa Tetram se montrera héroïque et bravera tous les dangers, accompagnée de sa bien aimée fille adoptive Waha, qui incarnera un temps le rôle d'une Geisha au palais du gouverneur.


Comme je le disais en introduction, ce qui rend cet album unique, c'est le propos enfin développé de l'auteur. Il se lâche complètement sur la religion, pas tant les orientales que la religion en générale et utilisant avec surprise plus d'une fois l'exemple chrétien. Je me réfère à deux citations biblique détournées, « ceci est mon corps, ceci est mon sang » à prendre au sens littéral dans la bd et une autre qui me fait penser à l'apôtre Pierre. Tout au long du diptyque, il tape en particulier sur les rites et pratiques religieuses ridicules ainsi que sur les prêtres, opportunistes profitant de leur rang pour opprimer les peuples. Sachant que dit aussi brut, peu de chance que vous croyez à cette thèse, je vais étayer mon propos.
Arleson développe deux religions en une seule histoire. Celle officielle au cœur de l'intrigue, le dieu Nymethny vénéré par les darshaniens, et le dieu Swoog vénéré par les trolls. Dans le premier cas, on assiste en détail aux cérémonies sanguinaires orchestrées par le grand prêtre et sa généreuse donatrice qui espère obtenir richesse et protection par sa dévotion. Le ridicule des prières est désigné par leurs phrases à deux sesterces du genre « expextase et chatouillis » ce qui ne veut d'ailleurs rien dire. Finalement, le dieu se révélera insatisfait des prêtres et se lèvera pour aller chercher lui-même ce dont il a besoin.
Du côté de Swoog, Arleston désigne carrément les prêtres comme des usurpateurs qui asservissent la population et enlèvent les enfants à leur famille. Le ridicule du cérémonial est quant à lui montrée lors de la tentative de sacrifice de Tetram avec des réactions grotesques comme « ce qui s'est passé est la volonté de Swoog... et en plus il pleut ». Finalement Swoog apparaîtra pour indiquer à ses fidèles « Swoog n'a pas de prêtres, il ne vous impose rien ! Soyez vous-mêmes ». Et là alors, il est pas clair le message anticlérical ?

WeaponX
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le 7 juin 2016

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