Si, comme moi, vous aimez les animaux, les sublimes dessins de Niko Henrichon ne devraient pas vous faire beaucoup hésiter avant d'acheter Les Seigneurs de Bagdad.
Ne nous voilons pas la face, la culture Disney étant ce qu'elle est, nous sommes nombreux à avoir pensé au Roi Lion en parcourant les premières pages. D'ailleurs, à bien des égards, le personnage d'Ali ressemble à celui de Simba enfant.
Néanmoins la comparaison sera de courte durée. Très vite la BD prend sa propre identité résolument différente de celle du film d'animation.
Dans Les Seigneurs de Bagdad, le message est avant tout sociétal, voire politique.
La dimension animale offre ainsi deux niveaux de lecture.
Le premier est anthropomorphique. Les personnages principaux, de part leurs raisonnements, leurs réactions face à l'inconnu (ou le connu) rappellent le comportement humain. On peut donc facilement avoir l'impression de lire une BD sur l'évasion de détenus normaux. Ce niveau offre ainsi une lecture fluide et agréable.
Le second pallier est critique. A travers leurs dialogues, les protagonistes évoquent surtout les changements de société entrainés par la guerre en Irak. L’œuvre étant américaine, on aurait pu craindre un regard trop subjectif mais le fait que l'auteur ne prend jamais vraiment parti. Ainsi, certains évoquent la sécurité de leur ancienne situation, tandis que d'autres avancent les opportunités qui leurs sont offertes. Mais in fine, seule la fatalité vient vraiment mettre un terme aux argumentations.
En définitive, si l'affect que les personnages suscitent auprès du lecteur contribue grandement à la qualité de la narration, ça n'est pas pour autant le seul moteur de l’œuvre.
L'intelligence et la justesse des propos sont autant de qualités à mettre au crédit de ce comics.
Bref, un très bel ouvrage.
Certains pourront peut être estimer qu'il lui manque un petit quelque chose, mais en l'état cette BD est déjà poignante et originale.
C'est donc une lecture que je vous invite à découvrir et à faire partager.