J'aime beaucoup le dessin de Duchazeau et j'avais beaucoup aimé La nuit de l'inca. Je partais donc plutôt convaincu avant la lecture de cet album et je n'ai pas été déçu.
J'avais peur que le dessin en noir et blanc me déçoive un peu. Au final, il se révèle parfois sombre, quelque fois même étouffant, mais il est excellent et convient formidablement au récit et à son ambiance. Les planches sont très belles et certaines font même preuve d'une virtuosité impressionnante. Plaisir des yeux d'une part, mais aussi véritable fusion avec le récit et son atmosphère.
Le scénario m'a vraiment plu par plusieurs aspects. J'apprécie grandement la façon dont il nous place au sein de l'Empire Inca et dont il nous fait vivre de l'intérieur avec brio l'invasion par les Espagnols de Pissaro. C'est très réaliste et surtout bien raconté.
Le personnage principal, notamment, est vraiment bien trouvé. Etant "chasqui", messager, il nous permet de découvrir en même temps que tout l'empire inca les informations essentielles qui circulent. Il est en outre créé de manière à avoir ce qu'il faut de ressentiment envers le Grand Inca et de manière à avoir une envie de se rendre des abords de l'Empire jusqu'à la capitale Cuzco en même temps que les envahisseurs.
Ces derniers, les Espagnols, sont à la fois tout à fait réalistes et déshumanisés, présentés comme des sortes d'icônes mystérieuses et apocalyptiques.
Un cocktail donc de réalisme historique et d'ambiance fataliste réussie. Une vision de l'Empire Inca à même de ravir les amateurs d'Histoire tout en plaisant aux amateurs de récits humains, d'aventure et de sombres émotions.