Stage en maison de repos psychiatrique de longue durée:

Un rappel que tous les aidants et infirmiers ne sont pas des tortionnaires à la solde d'un Etat radin.

J'avais prêtée cette BD, on me l'a enfin rendue. Je réalise que j'aurais dû m'écrire un aide-mémoire tant elle m'avait marqué.

Sa force du témoignage : une vision et visite inédite au sein d'une maison de repos pour malades mentaux.

J'exagère mais j’ai eu l’impression de pénétrer dans un monde parallèle ou une société secrète.

Un club où des personnes ayant différentes formes notamment d’autisme, semblent colocataires.

La qualité d’écriture : même si c'est une 'BD', les dialogues sont immersifs ; le dialoguiste est excellent:

« On peut penser que les personnes handicapées vous font perdre notre temps, qu’elles ne servent à rien. Mais on peut aussi penser que ces personnes nous font voir le monde selon un autre prisme que le nôtre, une autre vision de la vie, un autre regard »

L’originalité de l’expérience : véritable « shadowing experience »! c'est le nom donné au stage où on reste derrière dans l'ombre de son mentor pour observer son travail; c'est l'effet de cette histoire où on partage une sorte de stage virtuel dans l’ombre de cet aidant qui a passé plus trois ans dans ce centre d’accueil ; je comprends que les amis de l’auteur l’ont poussé à raconter tout ça!

Le ressenti : j’ai eu les larmes aux yeux mais aussi ressenti une chaleur car ça donne confiance de découvrir ce genre de structures.

Un très bel hommage aux aidants et personnel médical : je suis par exemple abasourdi qu’il va au travail après un accident de voiture, et qu'il jongle avec deux métiers.

J’ai compati quand dans la panique, lors d’une crise d’un patient, il oublie de regarder dans un tiroir où il aurait trouvé les clés magnétiques des sangles de rétention.

Je suis d’ailleurs surpris de ces rétentions qui sont strictement entourées par la loi puisqu’un « juge des libertés » doit en être informé si j’ai bien compris des articles.

Je l'ai relue et prêtée, et j’ai réalisé qu’on croise aussi habilement beaucoup de sujets : entre autres, celui des migrants et la faim en France.

Et je n’oublierai pas la scène où fatigué, il engueule une locataire qui l’a effrayé en pleine nuit ; mais il réalise en allant chercher son fauteuil qu’elle a parcouru cette dizaine de mètres pour venir le voir au salon alors qu’elle est très handicapée, clouée d’habitude sur une fauteuil…donc elle venait en fait d’accomplir un exploit extraordinaire. Dans ma famille, on prend parfois la voiture pour aller chercher le pain !

Le résumé de SC est plus clair que mon texte:

_"En situation difficile, Yann Degruel, auteur de BD, devient veilleur de nuit dans une maison de type TSA. Les résidents vont l'amener à changer le regard qu'il porte sur les handicapés et sur lui-même... Un album « pour leur faire une vraie place dans cette société qui a tendance à les exclure, pour que nous devenions tous des Veilleurs, comme je l'ai été pour eux et comme ils l'ont été pour moi. »"

Ce voyage et visite guidée est comme un épisode de Sliders, où les héros visitent des mondes parallèles...