Je suis un grand fan de Beethoven, beaucoup moins des biographies. Mais devant la proposition de Mikaël Ross, je me suis laissé tenter. En effet, le dessin, nerveux et dynamique, m’a séduit dès les premières pages feuilletées en librairie. J’étais prêt à m’avaler les 190 pages éditées chez Dargaud.
« Ludwig et Beethoven » porte bien son nom. Le livre narre avant tout la jeunesse de Beethoven et son ascension en tant que musicien. On y découvre un gamin colérique, gêné par ses frères espiègles et un père tyrannique qui ne veut pas qu’il compose. Il verrait bien son fils comme un phénomène de foire, interprète virtuose des pièces des autres. Mais Ludwig veut composer. Il aime improviser.
Le bouquin, construit chronologiquement, reprend ainsi les étapes de l’avènement d’un génie. Mikaël Ross n’est pas dans l’adoration, il fait du compositeur un personne profondément humain, bourré de problèmes et doté d’un caractère compliqué. Car Beethoven est colérique, ce qui ne le prépare que peu à côtoyer le monde des salons.
L’auteur parvient à doser la partie « admiration » du génie, quand il compose, et ses problèmes purement terrestres (amour, ego, santé…). Il n’hésite pas à le diminuer (notamment avec des problèmes de santé, l’ouvrage ayant un sérieux penchant scato par moment !), puis à le sublimer. Ainsi, excité par le corps d’une femme, il entend un rossignol. Il file à son piano et les idées fusent, merveilleuses. Mikäel Ross parvient à entretenir un ton irrévérencieux et jubilatoire, très drôle, tout en parvenant à de nombreuses reprises à nous montrer le talent du jeune Ludwig.
Le dessin s’adapte parfaitement à l’ensemble. Si on pense fort au « Petit Christian » de Blutch dans le trait, son dynamisme convient parfaitement à la fougue de la jeunesse. Il permet de bien marquer les accès de colère et de désespoir du jeune artiste par un dessin excessif. Quant aux passages musicaux, ils sont simplement splendides et inventifs, à l’image de cette couverture où la musique est une déferlante qui pourrait engloutir son créateur même. Ne serait-ce que pour son trait, je suivrai les prochains ouvrages de Mikaël Ross.
« Ludwig et Beethoven » est une biographie réussie sur la jeunesse du musicien. Irrévérencieuse, drôle et montrant pourtant tout autant le génie de l’artiste, elle ravira les amateurs. En s’affranchissant d’un simple énoncé des faits, en incarnant réellement Beethoven dans un personnage et non pas dans une figure quasi-mythique, Mikaël Ross nous propose une belle bande-dessinée. Bravo à lui.