A faire lire à TOUS les ados !
L’adolescence est un sujet qui semble préoccuper Riad Sattouf. De son premier ouvrage, « Manuel du puceau » à son premier film « Les beaux gosses », en passant par un « Retour au collège », le sujet le passionne. Et c’est évidemment les préoccupants d’ordre sentimental qui sont abordées. D’abord paru chez Bréal, « Manuel du puceau » fut réédité chez l’Association pour 80 pages d’aide à l’adolescent loser.
« Manuel du puceau » est un livre très libre et original. Riad Sattouf développe une narration faite de l’auteur (en dactylographié) qui parle à un ado (qu’on imagine être Sattouf plus jeune). Ce dernier, devenu adolescent, est obsédé par une seule idée : « J’veux coucher avec des meufs ! » nous dit-il. Seulement, ce n’est pas pour tout de suite et le narrateur va essayer de lui faire comprendre et accepter cet état de fait.
Telle l’adolescence, ce livre est d’une cruauté jouissive. L’injustice irradie les pages. Les débiles, les pseudo-rebelles ont droit aux filles mais pas les mecs intelligents. Enfin, comme dit le narrateur, « pas si intelligent que ça ». Le tout pourrait paraître un brin misogyne, tant les filles sont superficielles, mais la justesse du propos frappe le lecteur.
Difficile de ne pas être touché par cet ouvrage. Il rappellera à chacun les hiérarchies instaurées au collège (pour peu que l’on soit un peu honnête avec soi-même !). Mais l’humour est bien présent et l’articulation du dialogue entre le narrateur et l’ado est particulièrement réussi (ce qui finit par donner la narration de « Pascal Brutal »). Quoiqu’il en soit, j’ai rarement autant trouvé d’échos dans un ouvrage sur l’adolescence (ou l’enfance) que dans le « Manuel du puceau ». En cela, cet ouvrage est relativement universel. Riad Sattouf ne se contente pas de raconter des anecdotes vécues, il théorise l’ensemble, d’où le terme de « manuel » parfaitement adapté à l’ouvrage.
Côté graphisme, Sattouf fait globalement le minimum. Il se contente de dessiner les personnages et des décors que lorsque c’est nécessaire. Le travail se base plutôt dans les textes et leur enchaînement. Comme la narration est dense, tout le travail est de faire en sorte que le lecteur lise bien tout dans l’ordre. Malgré tout, ce dessin simple est tout à fait adapté au propos.
J’ai été saisi par la puissance de cet ouvrage. Drôle, cruel, émouvant, il frappe là où ça fait mal. Un bel ouvrage qui fait déjà tout ce qui fera le grand Sattouf : l’observation aiguisée de ses contemporains et une narration de haut niveau très personnel. Du grand art !