C’est par un pur hasard que j’ai découvert Me and the Devil Blues en explorant les rayons d’une médiathèque, à la recherche d’une série courte qui saurait me captiver le temps de quelques jours. Et quelle découverte ce fut !

Ce manga, que je n’aurais probablement jamais croisé autrement, s’est révélé être une expérience unique, à la fois sombre, immersive et inoubliable.


Dès les premières pages, l’atmosphère lourde et mélancolique qui s’en dégage. L’histoire, inspirée de la légende de Robert Johnson, ce bluesman qui aurait vendu son âme au diable pour devenir le meilleur guitariste de son époque, plonge immédiatement dans un univers empreint de mysticisme et de désespoir. L’approche de Akira Hiramoto mêle réalité et fiction avec une habileté rare, créant un récit à la frontière entre histoire et cauchemar.


Chaque case semble soigneusement travaillée pour capturer l’essence du blues : un mélange d’émotion brute, de tension latente et de profondeur. Les visages, marqués par la douleur ou la résignation, racontent une histoire en eux-mêmes. Les paysages, souvent vastes et oppressants, évoquent à merveille les étendues du Sud des États-Unis, renforçant cette sensation d’isolement et de lutte intérieure.


Le récit, bien qu’il prenne son temps, est captivant. On suit Robert dans sa descente aux enfers, une quête de grandeur et de liberté qui le pousse à s’engager sur un chemin tortueux, semé de regrets et de trahisons. La manière dont l’auteur joue avec les mythes et les légendes autour de ce personnage donne une profondeur supplémentaire à l’intrigue. Tout est empreint d’une ambiance presque hypnotique, comme une vieille chanson de blues qui résonne dans l’esprit bien après qu’elle se soit arrêtée.


Cependant, il y a aussi une certaine frustration à lire Me and the Devil Blues. La série, malheureusement inachevée, laisse un goût amer. Ce potentiel immense, cette narration si particulière, semble s’arrêter net, comme une note suspendue qui ne trouve jamais sa résolution. Cela n’enlève rien à la puissance des volumes existants, mais cela ajoute une couche de tristesse à l’ensemble, comme si l’œuvre elle-même portait la marque de la fatalité qu’elle raconte.


Une véritable pépite, un manga qui mêle avec brio l’histoire, la légende et l’émotion brute du blues. C’est une œuvre qui mérite d’être découverte, même si son inachèvement peut frustrer. Elle m’a marqué par son originalité, son ambiance et son dessin d’une maîtrise rare, et je garde précieusement le souvenir de cette lecture inattendue, qui m’a laissé avec une impression aussi indélébile qu’une vieille chanson gravée sur vinyle.

KumaCreep
8
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le 16 janv. 2025

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