« Mécanique céleste » semblait être un one-shot plutôt réussi qui, sous couvert de récit postapocalyptique, permettait surtout à son auteur de s’éclater à dessiner des parties de… ballon prisonnier. Le succès étant au rendez-vous, Merwan revient avec un deuxième tome intitulé « La source ». Il est publié chez Dargaud et pèse pas moins de 155 pages.
Fallait-il une suite à « Mécanique céleste » ? Peut-être bien, mais pas forcément celle que nous propose Merwan. Nous retrouvons la fine équipe en train de revenir dans leur contrée de Pan après avoir battu Fortuna à la mécanique céleste, soit le ballon prisonnier. Ils tombent alors par hasard sur un bâtiment appelé la Source où vit une communauté qui les accueille pour la nuit.
Pas de ballon prisonnier ici, on part sur un tout nouveau récit. Si on retrouve les magouilles de Fortuna, le lien entre les deux albums est ténu et est représenté avant tout par les personnages. Merwan cherche à développer son univers, mais il est difficile de se passionner par l’histoire. L’auteur multiplie les agents doubles, ce qui trouble complètement la lecture. Au final, la lecture finit par être : un ou des personnages s’enfuient.
Pour justifier ses scènes d’action et les rendre originale, Merwan invente deux armes. La première permet de figer une personne, mais le rayon passe par le sol. Il faut alors sauter pour l’éviter ou s’accrocher quelque part. La seconde permet de faire disparaître la matière (mais pas la matière organique). On voit combien l’auteur veut de l’action sans sang, ni mort. C’est d’ailleurs une des règles de la Source : le sang ne doit pas couler. Avec ces règles opaques et ces armes particulière, on comprend bien que Merwan reproduit à sa manière un « sport » où il va pouvoir s’éclater.
Si le premier tome de « Mécanique céleste » apportait son lot de découvertes, ça ne fonctionne pas ici. Après un début encourageant où l’on se demande ce qu’est la source, ou alors le fait qu’un personnage pense être le père d’Aster (comme on avait rencontré la mère dans le livre précédent), tout retombe vite à plat. La fin, qui annonce sans doute une suite, n’est pas là pour nous rassurer.
Cette série valait surtout pour son dessin. C’est toujours le cas. Merwan s’amuse dans cet univers et produit des scènes ultradynamiques avec un dessin très beau et personnel à la fois. Il n’est pas rare de s’arrêter pour admirer le détail des planches (je me suis d’ailleurs rendu en galerie pour aller admirer les originaux). Tout est construit pour qu’il puisse se faire plaisir et nous en prenons nous-mêmes plein les yeux.
Ce deuxième tome déçoit clairement. Si on n’attendait pas forcément un scénario extraordinaire, le système de trahison et de fuite permanentes fatigue le lecteur. Il y a moins d’empathie envers les personnages, tout ne semble être qu’action. Reste ce dessin incroyable qui, à lui seul, vous ravira à la lecture.