La reprise d’anciens personnages me laisse dubitatif. N’ayant pas nostalgique pour un sou, je préfère découvrir de nouveaux univers. Alors lorsque Glénat se lance dans des reprises de Mickey (en partenariat avec Disney), je n’étais pas particulièrement intéressé, bien qu’ayant été un lecteur assidu du Journal de Mickey dans mes jeunes années. Cependant, les noms des auteurs effectuant les reprises ont suffit à me mettre la puce à l’oreille. Ainsi, Mickey’s Craziest Adventures est scénarisé par Lewis Trondheim (qui avait déjà rendu hommage à Spirou) et dessiné par Keramidas.
Plutôt que de simplement reprendre le personnage, le tandem crée une sorte de faux ouvrage historique. Il est présenté comme un recueil de numéros vintage retrouvés en brocante… Ce qui est intéressant, c’est qu’on m’a offert la BD en étant persuadé que c’était un ouvrage patrimonial ! Ainsi, chaque page représente un numéro. Le tout est représenté comme si ça avait été vraiment retrouvé en mauvais état : papier jauni, tâché, déchiré et pages manquantes !
Si Lewis Trondheim était devenu un auteur plus classique ces dernières années, c’est un vrai plaisir de le retrouver avec un travail expérimental et créatif, où il joue avec les codes de la bande-dessinée. Les auteurs choisissent comme axe la partie aventure de Mickey, où le fantastique, la science-fiction et la mythologie sont utilisés de façon débridée. Les pages manquantes permettent des ellipses vertigineuses et l’action est menée non-stop, sans aucune pause (à l’image de la couverture, parfaitement représentative).
Au final, une routine s’installe rapidement. Une page correspond à une action ponctuée par un gag en fin de page. On reconnaît parfaitement la patte de Lewis Trondheim au scénario et ses admirateurs seront comblés de retrouver son humour décalé. Pour cet aspect-là, les auteurs s’approprient vraiment le personnage.
Keramidas s’efforce de reprendre le graphisme façon Disney en ajoutant un côté Vintage. Le graphisme est quand même modernisé dans le trait et les expressions. On est loin d’une simple copie de ce que si faisait. La mise en page est ultra-dynamique, plutôt moderne aussi pour le coup. Sous un aspect rétro, les auteurs exploitent les codes d’une bande-dessinée actuelle. En revanche, la colorisation se veut à l’ancienne, avec des trames bien épaisses. C’est l’une des grandes qualités de l’album. Cela donne un côté à l’ancienne, sans être aussi moche que ce qui pouvait exister à l’époque (c’est-à-dire avec les possibilités d’impression d’aujourd’hui).
Mickey’s Craziest Adventures est un ouvrage intéressant, à la fois respectueux et moderne, porté par des auteurs qui ont du beaucoup s’amuser. Si vous aimez Lewis Trondheim, vous adhèrerez immédiatement à l’humour de l’ouvrage. En revanche, le canevas même d’une histoire de Mickey reste limitant. Tout reste balisé. Cela reste un hommage, il faut bien en avoir conscience. À voir si ce genre de démarche vous intéresse.