Depuis le manga "Spirale", j'ai lu un bon nombre de nouvelles de l'auteur farfelu. Plus on s'enfonce dans son univers, plus on s'imprègne de la terreur qu'il impose. Certaines histoires telles que "Long Dream" ou "Army of One" sont déstabilisantes, tant les dimensions qu'elles prennent effraient l'esprit humain, qui est fortement limité.

Ici, Junji Ito décide de faire tourner quelques unes de ses nouvelles autour du personnage de Mimi, une jeune étudiante en proie à une succession d'évènements angoissants, tous plus ou moins liés à des spectres.
Si certains de ces évènements paraissent relativement simples (je pense à "Just the Two of Us", exorcisme des plus primaires, ou "Sound of Grass", qui est très brève & sans développement), l'ambiance est toujours aussi inquiétante. Junji Ito parvient à rapprocher chacune de ses histoires des peurs profondes qui sont enfouies au fond de nous : dans "The Woman Next Door", il extériorise ce sinistre sentiment de ne pas connaître ses voisins, de ne pas savoir qui ils sont, ou ce qu'ils peuvent réellement être ; dans "The Seashore", qui n'a jamais eu peur, en développant ses photos, de tomber sur un cliché inattendu ? ; enfin, dans "Sound of Grass", qui n'a jamais été pétrifié d'un bruit venant du fin fond des végétations, lors d'une ballade solitaire en forêt ?
Les nouvelles de Junji Ito ne contiennent jamais de fin, l'interprétation ultime est laissée au lecteur, seul maître de son imagination, & c'est bien là ce qui renforce la sensation d'effroi que ce lecteur perçoit après chaque nouvelle achevée.. Dans le recueil "Mimi's Ghost Stories", le thème des spectres est abordé, & c'est l'emprise terrifiante du regard qui sème le trouble : le trou dans le mur dans "The Woman Next Door", la manière dont est tourné le cadavre dans "Sound of Grass", les tombes orientées vers la fenêtre de Mimi dans "Graveman", l'horreur dont est victime celui qui développe les photographies dans "The Seashore", ou encore le simple fait de regarder le cercle sanglant dans "The Scarlet Circle".

Ce recueil est donc une légère réussite dans l'oeuvre Ô combien attrayante du sinistre Junji Ito. Une fois de plus, il parvient à emmener le lecteur dans les méandres monstrueux de son esprit dérangé, & à raviver des souvenirs ou des impressions qu'on préférerait refoulés à tout jamais.
Un reproche cependant, qui fait en même temps tout le charme de l'univers horrifique de l'auteur : le manque d'explications, qui est à la fois jouissif, mais aussi très frustrant.
Satané
7
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le 23 mai 2012

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