On voit maintenant de plus en plus de contenu queer dans les milieux mainstream, mais la plupart est centré sur des histoires de coming-out, et des récits initiatiques de l'adolescence à l'âge adulte. Dans Mimosa, c'est un groupe de potes queers trentenaires / quarantenaires qu'on suit, et ça fait un bien fou.
Les péripéties et les conflits entre personnages sont franchement réalistes, sans dramatisation exagérée ; on croit aux personnages comme s'ils étaient faits de chair et de sang. La trame de l'histoire est de plus en plus hachée sur la fin, passant aléatoirement du point de vue d'un personnage à un autre, mais c'est d'autant plus significatif que le groupe d'amis est en train de se disloquer.
Les lieux du récit sont quasi-exclusivement queer-centrés, ce qui permet à celleux qui préfèreraient lire moins d'horreurs LGBTQIA-phobiques dans les contenus queers de se reposer un peu. Cependant, même en soulignant l'importance de créer des espaces queers (ou plus précisément punks, dans l’œuvre) dans des milieux hétérocentrés, le récit fait une petite parenthèse dans le réalisme en ne mentionnant aucune critique ou attaque à l'encontre d'un évènement queer pour trentenaires dans une ville américaine (quiconque a déjà fréquenté les milieux associatifs queers ou même prêté une oreille aux débats sur l'existence des personnes queers aux États-Unis sait que l'absence de backlash est une utopie en 2023).
Les influences punks restent visibles aussi bien dans le dessin que dans le design des personnages et de leurs environnements. En somme, c'est une lecture agréable, comme une fenêtre dans la vie de vraies personnes queers.