Mister Miracle, c'est qui ? Un super-héros DC dont le nom est loin d'être aussi connu que Batman ou Superman. Un fils de Dieu ayant grandi sur une planète infernale dont il est rescapé. Un homme marié, ancien membre de la Justice League, et enfin, un maître de l'évasion.
Nous l'avons lu dans des aventures tantôt sérieuses, tantôt humoristiques. Mais la version que Tom King nous présente ici se veut différente. Lisons les aventures de l'homme, et moins celles du super-héros.
Tom King au scénario, et Mitch Gerads au dessin, c'est comme le beurre et la confiture, ça se marie parfaitement. King nous pose un homme torturé, dont l'enfance est résolument marquée dans son corps et dans son esprit. Même s'il peut partager ses troubles post-traumatique avec sa femme, Mister Miracle reste seul avec ses traumatismes. Résultat : L'histoire commence avec une tentative de mettre fin à ses jours qui échoue. Et à partir de là, que fait-on ? Comment ce super-héros s'expose t'il au regard des autres, de sa femme, et de lui-même ? C'est là toute la magie de ce récit. Nous suivons la reconstruction et la dépression de cet individu, page après page, mois après mois. La vie continue, et pourtant, une seule pensée persiste à l'épreuve du temps : Darkseid est.
Darkseid, c'est ce Dieu maléfique, éternel ennemi de la Justice League, est dictateur d'Apokolypse où notre héros a grandi. Mais Darkseid, c'est également la dépression. Il est cette pensée infuse qui, même lorsque tout semble aller bien, reste malgré tout attachée à l'esprit, et continue de hanter jour après jour. Ce récit, c'est un combat éternel contre la dépression. Nous suivons Scott et Big Barda à travers un récit alternant entre le quotidien sur Terre, et les batailles cosmiques dans l'espace contre les armées de Darkseid. D'une lecture, nous avons affaire à un récit jouant sur le quotidien du super-héros et de sa lutte incessante entre le bien et le mal, mais qui doit également gérer ses affaires de famille. D'une autre façon de lire, ces combats incessants venant constamment déranger le train-train ordinaire de ce couple, ce sont ces luttes épisodiques contre le mal-être, et la dépression. Une éternelle guerre entre le Bon et le mauvais. Entre les Neo-Dieux et Apokolypse. Quelle meilleure manière que d'illustrer le combat d'un homme contre la dépression. Celle-ci revient sonner à sa porte jour après jour, pour l'emmener dans de nouvelles aventures.
Mais parlons aussi du dessin. Gerads s'impose sur la quasi-totalité du récit un gaufrier de neuf cases. L'artiste joue avec ce format et crée de nouvelles manières de lire et d'entrevoir la page et la case. Le lecteur va de surprise en surprise. Grâce à un jeu de couleur, une superposition d'images, et d'autres atouts d'illustration, Gerads parvient avec habilité à retranscrire l'état émotionnel de notre héros.
Enfin, le récit se prend totalement à part de la continuité DC. Bien entendu, tout l'univers de Mister Miracle est là. Les Neo-Dieux et Apokolypse, Big Barda, et autres protagonistes ayant partagé les aventures de notre héros. Parfois omni-présents, ou simples clins d'oeils dont le fan se ravira. Néanmoins, le récit invite tout nouveau lecteur en lui accordant une facilité de lecture et une découverte aisée de cet univers. Une simple introduction permet de poser les bases de notre héros. Le reste devient universel et accessible au non-affectionado des récits de super-héros.
Ensemble, King et Gerads ont prouvé que le super-héros ne sont pas que super-pouvoirs et tatane de super-méchants. Ils peignent dans ces pages le récit d'un homme ayant grandi dans la souffrance, et cherchant à y échapper. Un défi à la hauteur du maître de l'évasion.