Sacré Adachi.
Avec un peu de recul, je devrais détester l'ensemble de sa bibliographie.
Après tout, il mixe tout ce que je n'aime pas dans le manga : du sport, des histoires d'amours et un dessin assez calqué et sans aucune évolution.
En somme, une impression d'avoir toujours le même schéma narratif et graphique manga après manga ( on change juste le base ball par de la boxe ou de la natation ).
Bien sûr , y a quelques rares exceptions comme "Jinbé" ou le récent "Q and A" mais dans l'ensemble , on pourrait croire qu'il ne se foule pas beaucoup le monsieur et qu'il nous sert un peu toujours la même soupe.
ça, c'est ce qu'on pourrait croire, quand on a jamais lu d'Adachi.
Car le monsieur est un sacré filou et derrière cette marque de fabrique , il y a le talent et le mangaka n'en manque pas.
Si la base est souvent la même (enfin là aussi , à première vue), c'est le traitement qui fait tout le charme des histoires d'Adachi.
S'il se démarque des autres mangas de sport, c'est déjà par son écriture, un mélange adéquate entre humour, émotion et finesse. Une sorte de délicatesse infinie pour des personnages qui prennent vie sous sa plume.
L'exercice est d'autant plus fort que , comme je l'ai écrit plus haut, le mangaka dessine toujours les mêmes personnages et pourtant , entre chacune de ses histoires, on a toujours l'impression de découvrir un nouveau membre d'une bien belle famille.
C'est sa force et il sait l'utiliser pour nous faire oublier qu'il construit la base de ses histoires un peu de la même façon.
On l'oublie aussi car Adachi sait surprendre son lecteur , voire l'émouvoir à chaude larme.
Que ça soit avec Touch ou Cross Game , il peut se targuer de m'avoir fait chialer 2 fois et bordel, je ne pensais pas que ça m'arriverais en lisant du shonen sportif.
C'est un peu pareil pour ses romances. Elles sont traitées avec beaucoup de finesse et sans aucune exagération typique du genre (en somme , on est loin de la bêtise mielleuse et romantico-gluante d'un Bakuman)
Mais que vaut vraiment Mix , sa dernière oeuvre qui se veut comme une "suite" (au moins du point de vue du lieux ) de Touch.
On pouvait s’inquiéter car les deux derniers projets de l'auteur "Q et A" (décevant) et "Idole A" (bloqué au premier tome) semblait dénoter une certaine lassitude (voire un manque d'inspiration) chez l'auteur.
Et du coup, l'annonce d'un projet aux notes nostalgiques (fréquente en ce moment au Japon) pouvait nous faire craindre le pire.
Mais voilà, Adachi n'est pas n'importe qui.
Mix se passe donc 26 ans après Touch et pour le moment, la seule référence à l'oeuvre culte du mangaka est le lycée où se passe l'action : Meisei dont le club de Base-Ball n'est plus que l'ombre de celui où jouait les jumeaux Kazuya et Tatsuya.
C'est même encore plus malin que ça car une nouvelle fois si on feuillette le manga un peu vite, on a l'impression de revoir le même schéma que Touch et forcement on s'attend à l'histoire de fils prodigue.
Mais que neni. Autre temps , autre famille avec 2 frères ayant le même âge et une sœur cadette qui semble bien partie pour faire partie du clan des femmes fortes créé par Adachi.
On a vraiment l'impression qu'Adachi joue avec les attentes des lecteurs et si Tatsuya ou Minami ne sont pas encore apparue, leurs ombres planent , par le biais d'un simple T-Shirt ou d'une gloire passée, tout au long de ce volume.
Du coup, Mix rassure et s'avère assez rafraîchissant.
On se sent déjà proche des personnages et en un tome , il a déjà réussi à mettre en place certains conflits à venir.
Pour le moment, je n'ai mis qu'un 7 car je me réserve pour la suite mais j'ai confiance en l'auteur et je suis sûr qu'il peut nous surprendre ( surtout dans les liens potentiels qu'il peut créer et qui sont pour le moment absent entre Mix et Touch )
Et au final, le plus beau coup de bluff, ça serait de ne jamais voir les personnages de Touch dans Mix, non ?
Qui sait, la suite nous le dira.