Un roman graphique sous forme de journal intime personnel signé par l'llustratrice iJulie Delporte et publié aux éditions Pow pow. Déjà en librairie, j’ai flashé sur les dessins faits aux crayons de couleur (pour la majorité en tout cas) et sur cette intrigante introduction : « "Je voudrais écrire un livre pour dire que ça fait mal les règles de grammaire, que moi aussi je voulais l’emporter. Je voulais tellement pas être une fille. Je voulais être un loup ou un dauphin. " C’est ce que je me suis dit un jour de novembre à Helsinki, à 31 ans, alors que j’étais sur la piste des Moomins et de leur créatrice, Tove Jansson. »
Une fois encore, mon amour pour les Moomins a été de bons conseils puisque cette lecture se révéla un vrai délice. Ou plus justement : un ovni délicieux. J’ai été profondément touchée par ce roman graphique aux dessins et aux mots d’une douceur blessée en quête de soi. J’ai aimé la poésie de cette pérégrination qui n’est jamais hautaine et la beauté des brèves mais senties descriptions du voyage en Finlande, sur les traces de la modèle Tove Jansson, dont la philosophie et la liberté guident les lignes de ce journal.
Moi aussi je voulais l’emporter amène aussi sur notre chemin nombre de réflexions sur la charge que cela représente d’être femme, plus largement que celle connue sous le nom de «charge mentale». Toujours sur le ton de ses réflexions personnelles davantage que celui d’un essai sur le féminisme, l’autrice évoque la question du viol, la violence symbolique par les mots (notamment la grammaire) qui pèse sur les femmes, mais aussi comment les artistes du deuxième sexe sont minoritairement représentées dans l’art.
Un très joli bijou sensible qui donne envie de s’écouter.