Nanja Monja par aaapoumbapoum
Dans la forêt qui domine le village il y a un arbre sacré, le Nanja Monja. Il a le pouvoir de réduire la taille de ceux qui l’escaladent et en tombent. C’est ce que découvre le jeune Taro quand il recueille une fille qu’il peut tenir dans la main. Le recours au changement d’échelle est une méthode classique pour donner une allure exotique et aventureuse à l’environnement quotidien le plus tranquille. Dans cette île paisible où les vieux sont nombreux existent donc deux communautés superposées : les Grands ignorent que sous leurs planchers circulent les Petits. Ces deux mondes vont être chamboulés par l’arrivée de forces extérieures qui s’agitent à l’approche de l’éclipse solaire.
Ce sixième tome clôt une série véritablement tous publics. Son éloge de la vie campagnarde, sa description d’une communauté soudée malgré les tensions, ses héros désintéressés prêts au sacrifice ne laisseront de bois que les plus cyniques.
La série traite en outre avec grâce du thème du deuil et de l’approche de la mort. Tout d’abord évidemment parce que le grand-père de Taro, qui était sa seule famille, est décédé peu avant le début, mais aussi parce que tous ceux qui deviennent petits doivent renoncer à contacter ceux qui sont restés grands et faire le deuil de leur vie passée. On peut ainsi lire Nanja Monja comme un récit animiste dans lequel les lilliputiens représenteraient les esprits des défunts.
Vladimir Lecointre