Nestor et Polux par belzaran
Parus d’abord par épisodes dans Pif Gadget, « Nestor & Polux » a eu droit à une intégrale (comprenant le tome 1 et le tome 2 inédit alors) aux éditions Onapratut. Scénarisées par les deux compères Fabrice Tarrin et Fred Neidhardt, les aventures des deux personnages sont dessinées par O’Groj.
Le synopsis risque d’en laisser plus d’un dubitatif. Nestor et Polux attendent chaque jour qu’un frigo s’ouvre, ce qu’il fait toutes les 24 heures exactement, la minuterie faisant foi. Dieu leur offre en effet deux yaourts : l’un à la framboise, l’autre au pruneau. Ce dernier étant abhorré par les deux protagonistes, c’est une lutte sans merci qui fait s’affronter les deux amis. Jusqu’à ce que Dieu leur rappelle qu’il existe un grand registre qui consigne qui doit manger quoi quel jour… Ainsi, l’alternance quotidienne est de mise.
Voilà donc le postulat complètement absurde de cette série. Mais la force de l’ouvrage est qu’au fil des épisodes, les mondes parallèles se multiplient et cet univers prend corps, avec notamment les réponses aux questionnements du lecteur : pourquoi deux yaourts ? Pourquoi Nestor et Polux sont-ils seuls ? Pourquoi Polux semble-t-il être le chouchou de Dieu ? Cette liste n’est pas exhaustive, l’univers créé par Neidhardt et Tarrin étant complètement absurde… Et pourtant, il finit par être cohérent.
Ainsi, même si on sent que chaque épisode finira mal, un vrai suspense finit par s’installer. On ne peut s’empêcher de prendre parti entre Nestor l’intellectuel et Polux le jovial. De même, la galerie de personnages s’étoffe au fil des pages, entre Dieu, les lutins, le ver de terre, etc. Au final, c’est un véritable petit univers original et absurde qu’on concocté les auteurs. L’humour est bien sûr omniprésent, l’absurdité des situations et les dialogues faisant le nécessaire pour que l’auteur sourit à de nombreuses reprises.
Le dessin est à la hauteur. O’Groj maîtrise son sujet et donne vie à cet univers original. Son trait faussement simpliste est riche. Les couleurs accompagnent efficacement le dessin, marquant la différence pruneau/framboise d’une violet/rose redondant. Une découverte pour ma part. Il est à signaler que malgré la publication au format A5, les cases sont riches de cases, l’auteur privilégiant le quatre bandes par page. Si bien que l’ouvrage est dense, ce qui n’est pas un mince avantage.
Au final, j’ai beaucoup apprécié ce « Nestor & Polux ». L’humour fait mouche et l’univers créé, tant au niveau du scénario que du dessin, est à la fois cohérent et complètement improbable. A découvrir !