Une chronique douce-amère
J’ai toujours apprécié le trait de Nicoby ainsi que son humour. En tombant sur l’une de ses (nombreuses) BD, mon sang n’a fait qu’un tour. C’était qui plus est une fiction, scénarisée par Vincent...
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le 27 mai 2024
J’ai toujours apprécié le trait de Nicoby ainsi que son humour. En tombant sur l’une de ses (nombreuses) BD, mon sang n’a fait qu’un tour. C’était qui plus est une fiction, scénarisée par Vincent Zabus, avec qui il avait cosigné « Le monde de Sophie » (que je n’ai pas lu), mais dont j’avais beaucoup aimé « Les chroniques d’un maladroit sentimental ». Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour que j’acquière cet ouvrage. Fort de 150 pages, il est publié chez Dargaud.
Dans un village en bord de rivière, six personnages vont se croiser. Plus précisément, trois couples homme/femme aux histoires naissantes ou finissantes. Il y en a pour tous les goûts : deux lycéens, deux quadras, deux retraités ! Au départ, chacun a son fil narratif qui, peu à peu, se tisse à l’autre, puis aux autres.
« Nos rives partagées » a tout de la chronique douce-amère. Les personnages sont en proie au doute, à des difficultés et la maladie et la mort les habite. Ils se débattent avec leurs problèmes. Pendant ce temps-là, les animaux les observent et commentent leurs actions.
Le livre est construit selon un chapitrage bien ordonnée : les personnages évoluent et arrivent à un certain point, les animaux font alors également le point de la situation et on repart plus tard. J’ai trouvé les passages animaliers pas forcément très pertinent. Le livre est déjà copieux et les analyses n’apportent pas grand-chose. Elles nous détournent finalement des personnages pour un petit moment. Cela ressemble plus à une facétie d’auteurs qu’à un plus pour le lecteur. C’est plus quand les animaux réagissent en direct avec les êtres humains que cela ajoute un ton décalé intéressant.
« Nos rives partagées » ne présente pas de grandes histoires folles. Beaucoup d’axes sont prévisibles. Les auteurs nous mettent dans un cocon, mais le décalage entre un ton assez léger et des faits assez durs fonctionne bien. On s’attache aux personnages, à leurs blessures, à leurs difficultés. En cela, le livre rappelle ceux de Rabaté, tant par les lieux que les sujets abordés.
Le dessin de Nicoby est parfaitement adapté à ces histoires. Il fait vivre aussi bien les gens que les lieux. Sa mise en scène respecte très bien les silences, la temporalité des scènes. On sent vraiment une maîtrise du rythme. Certains passages s’étalent pour montrer l’angoisse ou l’attente d’un personnage. D’autres fois, ce sont les ellipses qui donnent la force à l’ensemble. Le dessin est d’autant plus parfaitement colorisé avec de nombreuses scènes de nuit très réussies, tout en bleus.
« Nos rives partagées » s’inscrit dans ces ouvrages de chronique social. Des vies comme la mienne, pourrait-on dire. Ce sont des personnages banaux, mais qui, quand on s’y intéresse, possède un quelque chose de plus. Suffisamment en tout cas pour nous les rendre attachants. Un joli livre doux-amer.
Créée
le 27 mai 2024
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