Obsessions - Otaku Blue, tome 2 par Le_bibliophage
La lecture du second et dernier tome de la série Otaku blue est l'occasion pour moi de revenir un plus précisément sur cette série. J'avais lu le tome 1 au moment de sa sortie, sans être un coup de cœur, j'en garde le souvenir d'une série correcte. La lecture du second et dernier volume confirme mes impressions.
Marazano développe son récit autour du thème de la recherche d'identité. Qui sommes nous et comment nous définir dans le monde qui nous entoure. Pour cela il choisit de placer son histoire au Japon, le pays de l'hyper-consommation avec pour personnage central la figure de l'otaku, ces collectionneurs monomaniaques de leur passion. Le personnage Buntaro est l'archétype de l'otaku, qui après avoir collectionné différentes choses de façon compulsive, se retrouve à collectionner ses contemporains afin d'essayer de les comprendre. Le personnage d'Asami se pose les mêmes questions d'un point de vue rhétorique, ce qui pousse Buntaro à voir en elle un être qui lui ressemble. Autour gravite tout un tas de personnages, tous à la recherche de leur propre identité. Donc Marazano à travers son récit nous interroge mais se garde bien de nous apporter des réponses. C'est de là que vient la faiblesse de son récit. Finalement tout n'apparait que comme prétexte pour justifier son intrigue.
Bref ça sonne un peu creux et c'est bien dommage car pour autant cette série n'est pas dénuée de qualité. Si le fond est faible, la forme que Marazano donne à son récit est elle très réussie. Il développe son histoire sous forme de deux axes narratifs, qu'il s'amusent à entremêler avec justesse afin de dynamiser la lecture. Je pense qu'il livre un découpage très précis à ses dessinateurs. C'est à travers cet aspect là que l'on voit que Marazano est un auteur aguerri. Cela dit, ce défaut que je mets en lumière, c'est à dire la prédominance du forme sur la fond, est typique de son travail. J'avais déjà été sceptique à la lecture de ses autres séries. Pour perdurer il lui faudra dépasser ça, ou peut être travailler avec un co-scénariste.
De son côté Malo Kerfriden assure avec brio la partie graphique. Il maitrise parfaitement les codes de la bande dessinée. Son trait est clair et parfaitement lisible tout en étant audacieux dans sa mise en page. Il excelle autant dans les plans larges qui mettent en avant la sur-urbanité de Tokyo, que dans les plans serrés de discutions entre les personnages. J'aime bien son trait semi- réaliste et son encrage souple et généreux. C'est pour moi un auteur au style appréciable, qui mérite plus de reconnaissance. Il lui reste à briller un jour sur une série plus ambitieuse.
Otaku blue est de ces petites séries discrètes, certes pas très originales mais très honnêtement réalisées par des artisans maitrisant bien leur art. C'est de facture honnête et ce n'est déjà pas si mal.