En ouvrant les premières pages d’Oleg, j’ai eu la sensation de retrouver le style de David B édité par l’Association,lui aussi.Allant à l’essentiel, avec cet art de croquer les émotions tout en ne soignant pas trop ses arrières plan, Frédérik Peeters est un digne représentant du roman graphique concis et sans fioritures. J’ai aimé cette démarche de se rebaptiser Oleg pour s’observer vivre et ne pas tomber dans le piège d’une auto fiction exacerbée.Même s’il livre l’intimité de sa famille, qu’il a l’audace de montrer son regard corrosif sur l’univers de la bande dessinée ( en admettant que le paraître et les séances de dédicace l’horripilent au plus haut point), tout son art réside de se raconter sans trop le faire. J’ai bien aimé comment Peeters décrit comment le processus créatif s’anime en lui ( avec des visages qui le marquent pour en faire de futurs personnages) et comment son quotidien fait qu’il a du mal à composer avec la réalité ( sa femme lui rappelant à travers l’épisode de son aide auditive qu’il n’a pas remarqué et lui proposant auparavant une activité de maraîchage pour le tirer de son imaginaire et l’ancrer plus dans la vie). Peeters, dans Oleg, ne veut pas inscrire une temporalité linéaire et veut partager des expériences de vie le reliant au plus grand nombre ( une adolescente qui se cherche parlera aux parents, la solitude des grandes villes ultra connectées déclenchant l’envie de partir ( à Madagascar pour Oleg/Frédéric) parlera à ceux qui ont besoin de partir pour se régénérer par l’ailleurs…) et il a l’intelligence de se sentir un parmi une multitude, sans trop sacraliser ce qui le meut. Je pense que je relirai l’auteur car sa position entre le réel et l’imaginaire est saine, qu’il conçoit qu’un équilibre entre ces deux entités est nécessaire pour vivre sereinement. Et je finirai par vous conseiller ce roman graphique si vous êtes ouvert à des destinations narratives variées, à une ouverture sur le monde actuel sans concessions et en ne cherchant pas une cohérence puisqu’il y en a plusieurs chez Frédérik/Oleg.