On n'est pas là pour réussir par belzaran
Fabcaro a longtemps parlé du statut d'auteur de bande-dessinées underground. Ventes d'ouvrages limitées, séances de dédicaces à attendre le lecteur en vain, problèmes financiers... Ces ouvrages autobiographiques en font régulièrement mention. Dans « On n'est pas là pour réussir », il en rajoute une couche, s'intéressant cette fois essentiellement au milieu de la BD et à son statut d'auteur peu connu. Le tout est publié aux éditions de La Cafetière, une maison d'édition modeste qui avait déjà édité de précédents livres de l'auteur.
Ce livre est un florilège de strips parus dans le magazine Zoo et Jade, le tout enrichi comme souvent d'inédits. Tous les strips sont en quatre cases, présentés avec un gaufrier de deux cases sur deux. Le livre est encore plus petit qu'un format A5 et chaque page nous présente un strip. Les séances de dédicaces tournent vite au masochisme. Fabcaro se présente systématiquement comme un auteur raté, peu talentueux et inconnu. Cela permet cependant de lancer des piques contre certains visiteurs de festivals, prêts à demander un dessin de l'auteur pour une BD qu'il n'a pas réalisée...
Encore une fois, l'humour de l'auteur fait mouche. Chaque dernière case est drôle et il n'est pas rare de rire à haute voix. Fabcaro distille un humour tout en autodérision. On aimerait croire qu'il exagère, mais on peut constater en dédicace que ce n'est pas forcément le cas...
On retrouve le dessin de Fabcaro, très relâché et dynamique, malgré l'absence d'action manifeste dans cet ouvrage ! Tout passe par la grande expressivité des personnages, Fabcaro en tête. Le noir et blanc pur est un vrai régal pour les yeux ! Une preuve (s'il en fallait) que la couleur n'apporte pas toujours un plus.
Auteur prolifique actuellement, Fabcaro ne baisse pas la garde pour autant ! Tout en continuant à développer une œuvre autobiographique « du quotidien » (comme il le dit lui-même), il arrive à apporter toujours quelque chose de nouveau sur des sujets qu'il a déjà bien souvent traités. On finit pas se poser la question fatidique : ne préférons-nous pas finalement, nous lecteurs, que Fabcaro reste un génie peu connu afin de l'aborder sans problème en dédicace ? Quel dilemme !
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