Parfois on prend un manga et on ne le comprend pas bien du premier coup. Ainsi, les premières pages montre une personne durant l'enfance qui tricote dans sa chambre et qui dit aimer "par dessous tout" quelque chose que l'on ne voit pas. La mère entre dans la chambre et fait "ho mon dieu, tu ne va pas devenir comme ton père ?" Puis une ellipse montre la personne au club d'Aikido où elle est trop forte.
Du coup, j'ai cru que le scénario d'Ottomen parlait d'une fille qui adorait l'Aikido et qui pour se faire accepter, se travesti en homme. Sauf qu'elle aime aussi faire des trucs girly, et va tomber amoureuse d'une autre fille qui le prend pour un homme baraqué. Et en cours de manga, je me suis aperçu que j'avais fait fausse route : il s'agit de l'histoire d'un mec qui adore les trucs de fille mais veut le cacher donc il fait de l'Aikido (et le fameux "tu ne vas pas devenir comme ton père ?" viens du fait que le père a changé de sexe, ce qu'on apprend plus tard.)
Mais ça en fait une comédie pas mal sur un mec qui adore les trucs de filles (faire la bouffe, les gateaux, coudre) et qui ne l'assume pas. C'est assez exagéré par moment mais ça fait le taf, avec cette moralité assez évidente du "si un truc te plait, bah fait le, quoi qu'en pense les autres." L'histoire tourne aussi autour du meilleur pote du héros qui s'inspire de lui pour écrire un manga a succès (oui, mangaka et lycéen japonais... l'auteur lui même se demande comment il dort.)
Cet été je décide de lire tous les mangas que ma copine a achetée étant ado et du coup, je tombe là dessus... et je me dis "purée, dans quoi je débarque ?" On est à l'époque où Delcourt s'était aperçu qu'ils vendaient des tomes de Nana et de Fruits Baskets à la pelle et décidaient de prendre les premiers Shojo venus et de les éditer.
Et ça faisait longtemps que j'avais pas lu un truc aussi Shojo : ces traits longiligne, ces décors épurés, cette emphase sur le cadre autour des personnages. Après, l'auteur raconte que c'est son premier shojo et comme c'était de l'humour il s'est permis pour bien amplifier le cliché et on est peut-être dans du pastiche volontaire, surtout avec l'intrigue sur la création d'un manga shojo.
Après, les commentaires de l'auteur sont sur le coté, durant le manga. C'est assez bizarre, c'est la première fois que je vois ça et je me demande s'il ne s'agit pas de propos en post-face qui ont été remis à l'intérieur du manga. C'est clairement une période où l'industrie du manga française se cherchait encore, et ça me l'a été rappelé par les astérisque quasi permanente et les renvois à une annexe en fin de tome qui explique bien ce qu'est un Shojo, un Ottomen, et explique les différentes références à tel ou tel manga. Ca fait un petit moment que j'avais plu vu ce genre d'appartés, sans doute parce que le public lecteur de manga possède déjà ces notions là.
Bref, je vais me limiter à ce premier tome. Déjà parce que je ne sais pas si la suite est encore trouvable 14 ans après, mais surtout parce que dès la fin du premier tome ça tourne un peu en rond (et le manga le souligne pas très finement) : le héros est à la fois doué pour la bagarre (il sauve une mascotte d'un taureau) et pour la cuisine, la fille pour laquelle il est amoureux semble avoir une admiration réciproque et ça sent que le manga va les faire tourner sans arrêt autour du pot avant qu'ils ne se déclarent.
Mais pour ses premiers chapitres, c'était bien sympathique.