De plus en plus d'Oeuvres francophones d'inspirations japonaise voient le jour ces dernières années.
De Dreamland dans le milieu des années 2000 à Radiant ou Lastman pour en citer quelques-unes, beaucoup se sont prêter au jeux du "je fait du manga comme les japonais", certains avec succès, d'autres moins. Parmi ces travaux aux qualités diverses et variables, peu peuvent se targuer d'avoir fait évoluer le médias. Fautes de vrais idées originales des auteurs? Restrictions imposées par les éditeurs?
Le milieu de la BD d'inspiration japonaise semble coincé. A vouloir "trop faire comme…" et se limiter par peur du silence du public. En réaction à ceci, de nombreux auteurs indépendants se tourne vers les plateformes d'auto-publications sur internet. D'Asphodel, Nightmare, Fosters ou encore Ghizha, cette nouvelle génération d'artistes, las du système éditorial élitiste et étouffant, emploient ses nouveaux moyens de promotion, les libérant ainsi de toutes contraintes, laissant place à leur imagination, leurs idées folles…
Parmi eux, Maraiku ( alias Meuhh ). Jeune Artiste francophone s'épanouissant pleinement sur les outils que lui offre internet, s'est elle aussi égarée entre les bulles. les gouttières et les cases.
Émerge alors Oyasumi, projet de web-bd qui pourrait paraître au premier abord classique, voir simpliste. Il en est tout autre…
Un découpage simple, tranchant, oppressant… En observant la manière dont les cases s'articulent et le rythme qu'elles formulent, on comprend alors à quel type de création nous sommes confrontés. Plongés dans l'intimité de l'autrice (auteure si vous préférez), non pas par le récit mais pas la sensibilité emprunt de poésie macabre se dégageant de la graphie, Chute sans fin dans les profondeur de l'être tiraillé par soi-même, La Mort avec un "M", Renaissance, Rédemption, Recherche.
Au plus profond d'une dualité violente du corps et de l'esprit, s'articule une question sans cesse posée par l'individu et par de nombreux travaux artistiques de tout horizons ( non moins dénuée d'intérêt ):
Le Moi, Balance, Equilibre, Place.
Seulement un chapitre au compteur. Malgré ça Oyasumi s'inscrit et impose sa place dans le panthéon des oeuvres faisant avancer son propre média. Symbole d'un renouveau attendu d'un milieu ou auteurs et lecteurs sont à la recherche d'un idéal perdu; celui de la création sans limite, de l'exploration, de la sensibilité, de l'Art…
Maraiku fait sans conteste partie de ses jeunes artistes qui redéfiniront leur medium, ayant soif de terrains inexplorés, cherchant à tout prix l'existence, de faire exister.
Voyage intérieur, "Paix", l'individu confronté sans cesse à lui-même, animé par ses doutes.
J'attends avec impatience et appétit les prochaines pages que je m'empresserai de dévorer une fois sorties. Pour l'heure, je ne peux que vous recommander de plonger nu, ouvert, dans ce torrent saturé de sobriété, de sensibilité, de vous abandonner à la plume de l'artiste, dont le fort intérieur brûle d'un feu passionné, laissant son art se consumer, devenir magnifique.