P.T.S.D.
7.4
P.T.S.D.

BD franco-belge de Guillaume Singelin (2019)

Du style japonais pour un trauma d'après-guerre

P.T.S.D. est l'une des BD du moment. Il est d'ailleurs très rare que je me jette sur une bande dessinée dès sa sortie et encore plus rare quand elle est mise en avant par SensCritique. Avant P.T.S.D., je ne connaissais pas du tout Guillaume Singelin et forcément son travail. Par contre le sujet de la BD était véritablement très intéressant. C'eut été dommage de ma part de louper cela.


A l'issue de la lecture de ce comic aux influences multiples, j'en ressors assez ravi. L'héroïne est revenue blessée, dans sa chair et dans la tête, d'un conflit imaginaire dans un Hong-Kong qui l'est également. Une guerre entre deux nations dont on ne connait ni les tenants ni les aboutissants. Mais elle envoie toujours des hommes et des femmes à la mort, même si eux-mêmes ne savent plus trop pourquoi ils se battent.


Mais l'essentiel n'est pas là. Le but est d'offrir au lecteur les conséquences et les ravages psychologiques d'une guerre sur une personne. Dans ce cas-ci, l'auteur ne semble jamais oublié le rôle d'un gouvernement qui abandonne bien volontiers sa chair à canon une fois revenue des combats, l'addiction aux médicaments et aux drogues pour tenter d'oublier, de se couper d'une réalité qui est devenue bien trop difficile à affronter.


C'est également un long travail pour une réconciliation envers soi-même mais aussi envers l'être humain et l'humanité en général. Car Jun, notre héroïne, n'a plus véritablement confiance en personne. Et si elle essaiera de répondre à ses problèmes par un rejet envers la bonté humaine, à partir dans une croisade personnelle contre les trafiquants de drogue, elle ne trouvera véritablement le repos qu'en s'apaisant, en faisant taire ses démons intérieurs.


J'ai trouvé le final quelque peu abrupt, Singelin se concentrant essentiellement sur son combat contre soi-même et préférant laisser le lecteur s'imaginer l'après. Choix compréhensible, qui se respecte mais je ne sais pas il y a un petit quelque chose qui passe assez mal sur ce point de mon côté. J'ai juste eu l'impression qu'il manque dix pages sur le moment de la rédemption et de la paix retrouvée pour en faire un chef-d'oeuvre de la BD.


Le style graphique me fait penser à du Miyazaki mêlé à ce qu'on retrouve dans Ghost in the Shell. En tout cas, ça fourmille de détails sans être oppressant pour le lecteur. De ce côté, c'est une copie parfaite rendue par l'auteur. On ressent en tout cas les influences dans le dessin. Dans le traitement du sujet, et pour conclure, on pense à Rambo, à Full Metal Jacket et un peu à Né un 4 juillet. Bref, de sacrées belles références pour une belle découverte.

batman1985
8
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Parce que je m'octroie un peu de temps en 2019 pour une BD et Lues en 2025

Créée

le 16 avr. 2019

Critique lue 740 fois

batman1985

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11
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