Le jeune chien fou de la création graphique française, ce diable touche-à-tout d’Ugo Bienvenu se retrouve pour la seconde fois dans la collection Denoël Graphic avec son dernier ouvrage Paiement accepté. Après Sukkwan Island publié en 2014 d’après le roman de David Vann, une BD largement rediffusée à l’étranger par la suite, Ugo Bienvenu s’installe à nouveau dans les librairies avec un crayon encore plus affirmé, encore plus fort et racé. Ca donne quoi ? Lettres it be vous en dit plus !
La bande-annonce
La date : 2058. Le metteur en scène Charles Bernet travaille au couronnement de trente années d'une carrière glorieuse en préparant son prochain film, basé sur un scénario mûri depuis sa jeunesse. Il mène une vie agréable dans sa merveilleuse villa robotisée, avec son épouse à la jeunesse quasi-éternelle, entre haute visibilité médiatique et stratégies fines pour réunir le financement de son nouveau projet. Le tournage commence, mais un brutal accident de train l'interrompt, laissant Charles paralysé sur un lit d'hôpital. Gustave, un assistant au talent prometteur, est choisi pour prendre sa suite. Son inexpérience va-t-elle détruire ce que Charles considère comme le projet d'une vie? Et comment un mystérieux professeur de Scrabble rencontré lors de sa rééducation va-t-il lui apprendre à surmonter cette épreuve terrible?
L’avis de Lettres it be
Malgré ses 30 ans révolus, Ugo Bienvenu est un vieux de la vieille. Réalisateur de nombreux courts métrages, en ce moment-même à la tête de la réalisation d’un « long », réalisateur également de plusieurs films publicitaires mais aussi réalisateur technique du côté de l’animation, cet homme à tout faire s’adonne (quand il le peut) au dessin et à la publication de livres en tous genres, quand il ne s’agit pas de dessins pour la presse ou de pochettes d’albums. Ouf … Et ses journées, comme les nôtres, ne font que 24 heures, sachez-le. C’est avec un palmarès (déjà) long comme le bras qu’Ugo Bienvenu présente Paiement accepté chez Denoël Graphic.
L’histoire de Charles Bernet, ce croisement stressé entre Donald Trump et François Truffaut, est au cœur de cette bande dessinée terriblement stylisée et personnelle. L’histoire d’un metteur en scène au firmament de sa carrière, prêt à bientôt toucher les étoiles. Sauf que plusieurs événements vont venir se transformer en autant de bâtons dans les roues du génie autoproclamé du 7ème art. Une histoire, finalement assez basique, mais qui se trouve être enrobée par une myriade de détails plutôt bienvenus (sans mauvais jeu de mots). Des éléments de pure science-fiction (véhicules du futur, hologrammes etc.) en passant par l’attentat dans les rues d’une grande ville, les hommages répétés au cinéma ou encore le sosie parfait de Gérard Depardieu, on voit bien qu’Ugo Bienvenu est un dessinateur de son temps, qui mêle dans ses bulles et ses cases les aspirations, les craintes et les ressentiments d’un artiste sur son époque. On retrouve également, avec joie, l’engouement pour la réalisation vidéographique d’Ugo Bienvenu : chaque planche est calibrée de sorte à conserver un rythme extrêmement visuel, tout l’ensemble est découpé comme dans les meilleurs films, les meilleurs blockbusters. On tourne les pages à toute vitesse, sans reprendre sous souffle, alors que se déroulent devant nos yeux des parties de Scrabble sans fin et des échanges plutôt fixes dans une même pièce. Bluffant !
La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/critiques-de-bd/paiement-accept%C3%A9-d-ugo-bienvenu/