Paname - Univerne, tome 1 par Gatcha

Paris, décembre 1851. Louis-Napoléon Bonaparte a déclenché un coup d’état pour se maintenir de force au pouvoir. Fervent Républicain, Victor Hugo doit fuir le pays avec sa famille. Mais arrivé à la gare où un train part pour la Belgique, un soldat physionomiste le reconnait. Pierre-Jules Hetzel, qui doit l’accompagner en exil, fait diversion et lui permet de s’échapper, mais lui-même meurt percuté par une locomotive. Celui qui aurait dû être l’éditeur de Jules Verne et de ses Voyages Extraordinaires disparait précocement. Ne trouvant personne pour publier ses œuvres, l’auteur nantais abandonne la plume et tente d’améliorer le monde grâce à son esprit inventif et visionnaire. En quelques années, il bâtit une utopie sur l’île Lincoln du nom d’UniVerne. Mais son avancée technologique attire les convoitises et le lieu est envahi puis pillé par diverses puissances et son créateur est laissé pour mort… 1900. La capitale vit au rythme de l’Exposition Universelle. La planète entière a les yeux braqués sur cette ville futuriste où toutes les prouesses sont permises. Nikola Tesla et son assistant Thomas Edison écrasent le monde de leurs inventions. Une jeune journaliste féministe, Juliette Hénin, obtient une entrevue avec l’ex-compagne du génie…
Imaginer un monde dominé par les visions de Jules Verne n’est pas forcément nouveau tant l’écrivain a fait rêver des générations entières de lecteurs de tous les pays et laissé une œuvre immense. Même les Japonais s’y sont essayés sur la très bonne série animée Nadia et le secret de l’eau bleue. Alors si l’on excepte le fait qu’il n’était pas un scientifique lui-même mais qu’il entretenait de solides amitiés avec des savants de son époque qui partageaient leurs découvertes et leurs recherches (comme l’aéronaute Nadar) et ne pouvait donc pas vraiment participer à la création d’une cité du futur, cette série se révèle excellente. Les références à ses romans foisonnent, l’humour est très présent et l’action quasi ininterrompue. On connait l’imagination de Jean-David Morvan et son goût pour les histoires hors-normes, mais c’est bien le talent du dessinateur Nesmo – un pseudo prédestiné pour cet album – qui éclate au visage du lecteur. Peut-être encouragé par son cousin Alexis Nesme, auteur de l’adaptation des Enfants du capitaine Grant, il montre une telle facilité à représenter un univers steampunk en conservant un style personnel et moderne qu’on en reste scotché. A comparer, son style présentant quelques influences nippones se situerait entre ceux de Pierre-Mony Chan (Cross Fire) et Bengal (Naja), tout en restant unique. Pas une case ne manque de vie et, à l’instar de son héroïne, le tout est criant de vitalité.
Une merveille, tout simplement, qu’on espère voir perdurer et rencontrer l’immense succès qu’elle mérite.