Paris brûle encore - Jour J, tome 8 par Stéphane Gallay

Le 29 mai 1968, en pleines manifestations étudiantes, le président français Charles de Gaulle tente de rallier les troupes françaises en Allemagne. Interprétant son geste comme une tentative de fuite, la foule prend d’assaut l’Élysée et le « Grand Charles » meurt. C’est le début de la Guerre civile française et le point de divergence de Paris brûle encore, huitième volume de la collection de bande dessinées uchroniques « Jour J ».


Ce volume est aussi le pendant pessimiste de L’imagination au pouvoir, un avenir alternatif où Mai 68 ne donne pas lieu à une révolution psychédélique, mais bel et bien à une vraie guerre civile sale, avec frappes nucléaires tactiques, combats de chars, troupes d’interposition de l’ONU, milices populaires hystériques, drogue et rock’n’roll. Le tout dans le décor d’un Paris ravagé.


L’histoire principle suit, en 1976, un reporter américain venu officiellement couvrir la situation, mais travaillant également en sous-main pour de riches collectionneurs avides de « mettre en sécurité » les œuvres d’art des musées français, pillés par les différentes factions. Une situation qui rappelle un peu celle de Baghdad après la chute de Saddam Hussein. C’est l’occasion d’une « traversée de Paris » dans un taxi fort pittoresque et d’un aperçu des luttes politiques, internes et externes, autour du conflit.


De ce point de vue, la trame de Paris brûle encore est plus intéressante que celle de L’imagination au pouvoir, encore qu’on ne voit pas vraiment beaucoup la « vraie » population de Paris et qu’on pourrait croire que la ville n’est plus peuplée que de punks, d’intégristes et d’aigrefins divers, plus quelques troupes de l’ONU paralysées par les blocages politiques.


La folie qui semble avoir pris la France et le déroulement de la guerre civile, flou et immensément bordélique, semble peu crédible, mais pas beaucoup moins que le déroulement de vraies guerres civiles. C’est un peu le « brouillard de la guerre » à l’échelle de tout un pays et de presque une décennie. Au-delà de son côté uchronique, Paris brûle encore est une excellente inspiration pour une situation de conflit urbain moderne.


Je vous recommande donc chaudement ce volume, qui est à ce jour un des plus solides de la collection. Jean-Pierre Pécau et Fred Duval ont très bien su retranscrire cette ambiance, rehaussée par le dessin classique, mais efficace de Damien. À noter la couverture, signée Manchu; excusez du peu!

SGallay
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le 27 avr. 2015

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