Mélancoliques mimoïdes
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BD franco-belge de Edith Backlund et Yann Le Pennetier (Yann) (Balac) (2006)
Pearl est un album de transition, aussi bien d'un point de vue scénaristique que formel. Car Victoria et Basil, qui ont enfin pu quitter Zanzibar, sont victimes d'un naufrage et laissés pour morts sur la côte d'une petite île d’Écosse, terre des mystères et des légendes s'il en fût. Complètement isolés du monde, il va leur falloir s'adapter à cet univers d'où les hommes sont absents car interdits de séjour, où les renards sont impitoyablement exterminés en raison d'un malédiction ancestrale et où ils seront confrontés à la magie des fées portée par une petite fille délaissée - magie à laquelle Victoria ne croit pas, naturellement. Ils plongeront malgré eux (à vrai dire, uniquement malgré Basil, qui ne pense qu'à s’enfuir de cette île) dans ce monde cruel, mais d'un genre nouveau, en se frottant à des légendes de pirates et en s'essayant à une chasse au trésor. Car il est impensable pour Victoria de ne pas mettre la main sur le trésor en question, qui lui permettra de s'acheter un château où elle compte inviter, en toute modestie, sa célèbre homonyme à prendre le thé. Si ce nouvel univers est donc aussi féroce que leur bon vieux Londres ou l'exotique Zanzibar, le changement de décor et d'atmosphère donne un ton nouveau à cet album.
Changement qui s'opère dans le graphisme également, car Édith a quelque peu changé son fusil d'épaule. Finies les planches entières baignant dans une seule tonalité, finis le crayonné et les effets de papier découpé. Et si l'on perd le côté "dessin à l’ancienne" qui était la marque de fabrique des autres tomes, on y gagne sur un autre aspect. Édith s'est en effet particulièrement bien adaptée au lieu où se déroule l'histoire et rend parfaitement les coloris et les nuances des paysages écossais, avec une palette qui joue sur les gris, les bleus, les verts, les roux, auxquels se marie joliment le rouge de la robe de Pearl. La dessinatrice s'est également plu à travailler les dégradés de la mer et du ciel.
Le changement en douceur du caractère de Victoria, qui s'était amorcé dans Zanzibar, se confirme. Elle a gagné en humanité, même si, toujours aussi possessive avec Basil et gardant les pieds sur terre, elle n'hésite pas à utiliser les légendes à sa façon, très pratique et plutôt radicale, pour régler les problèmes qui se posent à elle, ainsi qu'aux habitants de l'île (renards compris). C'est pour la bonne cause ! Bon, quand je parle de garder les pieds sur terre, c'est tout relatif, puisque son obsession de rencontrer la reine Victoria prend des proportions qui confinent à la mégalomanie... et qui la rendent justement d'autant plus drôle et charmante. Quant à Basil, on s'amusera de le voir assailli par des hordes de jeunes filles qui, ma foi, n'ont pas si souvent l'occasion de voir un garçon. Ce qui est peu de son goût, toutes ces filles l'agaçant terriblement à lui courir après !
Comme d'habitude, l'histoire, si elle est sympathique, n'est pas d'une originalité époustouflante. Mais il est appréciable de constater que Yann et Edith ont choisi de faire évoluer leur série, plutôt que de se reposer sur leurs lauriers, et ceci dans une parfaite cohérence entre scénario et graphisme. Et l'on notera, si l'on va jusqu'au bout du bout de l'album, en tournant la page que nous désigne une bande de macareux, que la fin n'est peut-être pas tout à fait aussi heureuse qu'on aurait pu le croire...
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Créée
le 15 août 2017
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