Menace sur le groupe

Un récit complet en quatre chapitres presque entièrement consacrés à la terrible Zone Négative où règne Annihilus et son désir inassouvi de conquête et des destruction. On gagne en fluidité ce qu'on perd un peu en impact : Stan Lee réduit résolument les verbiages et permet à John Buscema qui prend le relais de Kirby par une pirouette artistique étonnante (par le biais d'un flashback interne dans le premier épisode) de s'exprimer sereinement. Cet artiste majeur offre des personnages aux traits plus fins, plus expressifs et aux silhouettes plus harmonieuses (Sue/Jane Storm y gagne beaucoup en féminité) et une plus grande dynamique dans les postures. Il va manquer cependant un peu de la majesté brutale des planches de Kirby, incomparable pour dépeindre des créatures gigantesques, des citadelles inexpugnables ou des machineries complexes, mais Buscema propose quelques planches somptueuses toujours magnifiquement encrées par Joe Sinnott, notamment dans le passage où Reed Richards tente d'intercepter Janus au coeur de la Zone Négative.

Le dernier épisode sert manifestement d'interlude : la menace est écartée mais un autre danger, plus sournois, menace la cohésion de l'équipe. Cette fois, il faut reconnaître que le talent de conteur de Lee peine à retranscrire la montée progressive de la folie chez l'un des protagonistes, et le chapitre tombe un peu à plat en multipliant les excès. Cette fois, pas de péril d'ampleur cosmique, mais un autre, plus familier, qui pourrait bien signifier la fin de l'équipe. Une opportunité pour Stan Lee de glisser davantage de référence à l'univers étendu de Marvel avec plus de place accordées à Jameson, le rédacteur en chef du Bugle, et à un de ses reporters, Peter Parker. L'oeil expert de certains amateurs pourraient d'ailleurs à ce sujet reconnaître la patte artistique d'un troisième dessinateur, John Romita (senior), qui semblerait bien avoir été associé à Buscema pour certaines planches.

Un album agréable, sans temps mort.