Riche de Yokaï et d'un univers basé sur le folklore japonais, c'est un manga plaisant à découvrir. Respectueux dans sa démarche culturelle, Morohoshi Daijirô interroge le lecteur en mettant en scène des êtres fantasques, inspirés d'estampes traditionnelles, surgissant dans un écrin de modernité où leur place semble remise en cause. Ils apparaissent dans la banalité du quotidien, sans surprendre ni étonner. Prenant forme dans les jeux, dans les objets et jusque dans les corps. Ce sont de petits monstres espiègles, souvent revanchards mais dépourvu de cette haine qui anime la cruauté de l'homme. Ici sont rassemblés plusieurs histoires, liées les unes aux autres par un fil rouge qui s'effiloche sans pour autant se déchirer. Au fur et à mesure des pages, je me suis laissé emporter, comme Alice aux Pays des Merveilles, dans un terrier sans fond dont on ne sort qu'en se réveillant. La confusion d'un miroir déformant aiguisera vos sens de la première à la dernière page et peu importe si vous n'avez pas toujours tout compris, car c'est probablement la raison d'être de ce manga. L'essentiel reste qu'il réussira à détourner votre attention l'instant d'une lecture.