Mille fois on m'a conseillé Jojo et mille fois on m'a dit:
"Attention la partie 1, c'est chiant, tu peux éventuellement la sauter"
Et NON! Surtout pas... Bien entendu qu'elle aide à apprécier la suite, mais si vous cherchez un shonen original, elle dispose de tous les ingrédients pour vous satisfaire.
Phantom Blood, première partie de l’immense saga JoJo’s Bizarre Adventure d’Araki, pose les bases d’un univers où l’extraordinaire devient la norme, et où les combats titanesques entre le bien et le mal se jouent à travers des générations.
Bien qu'il soit souvent éclipsé par les parties suivantes en termes de popularité, ce premier arc offre une introduction cruciale à l'univers bizarre et flamboyant qui définira toute la série.
Ce inquiète les nouveaux lecteurs, c’est la simplicité apparente de l’intrigue. On suit Jonathan Joestar, un jeune noble au cœur pur, qui se retrouve confronté à son frère adoptif, Dio Brando, l’antagoniste par excellence, dont l’ambition dévorante le pousse à embrasser la puissance surnaturelle d’un masque aztèque.
Ce duel entre Jonathan, l’incarnation de la droiture, et Dio, l’archétype du mal absolu, est souvent décris comme un combat classique de la lumière contre les ténèbres. Et... Je suis en partie contre cette vision.
Nous sommes aux prémices des mangas shonen et on va suivre l'affrontement fratricide, entre un héros justicier et son frère qui n'est pas le mal incarné, bien au contraire... Il semble montrer du respect et sait ce comporter de manière noble.
Dio est un personnage qui fascine dès le début, car l'origine de ça cruauté vient d'une ambition dévorante et sans limite. Un archétype de personnage que j'adore retrouver en littérature et son antagoniste élève l'affrontement d'une dimension.
Malgré la dichotomie claire entre les deux personnages, Phantom Blood réussit à captiver grâce à son atmosphère gothique et ses thèmes plus profonds.
Vous l'avez compris dans mes lignes, Araki joue habilement avec les codes du shonen, tout en injectant une esthétique singulière inspirée des films d’horreur et des récits victoriens. L'évolution de Jonathan, de l’innocence à la maturité, en passant par la découverte du pouvoir de l'onde, est au centre du récit, et sa relation avec Dio, chargée de haine et de rivalité, transcende le simple conflit familial.
D'un point de vue artistique, Phantom Blood porte encore les marques d’un Araki en début de carrière. Le style, parfois rigide, manque peut-être de la finesse et de la fluidité que l'on retrouve dans les parties ultérieures, mais il n'en reste pas moins saisissant. Les poses exagérées des personnages, les expressions théâtrales et l'attention portée aux détails donnent déjà un avant-goût du caractère emblématique de la série. Ces choix visuels, bien que déroutants pour un premier lecteur, sont des signatures qui deviendront iconiques avec le temps.
Alors oui, Phantom Blood n’est pas exempt de défauts. Le rythme est parfois inégal, notamment dans sa construction narrative qui peut sembler répétitive. Ce qui est un comble pour une première partie si courte! Certaines scènes d’actions manquent de la sophistication stratégique que les fans de JoJo’s admireront dans les parties ultérieures, notamment avec l'introduction des stands. Ici, l'onde, pouvoir basé sur la respiration, est un peu trop simpliste et manque de la profondeur tactique des arcs futurs.
En résumé, Phantom Blood est une introduction imparfaite mais essentielle à JoJo’s Bizarre Adventure.
Il pose les fondations de thèmes qui seront explorés en profondeur dans les parties suivantes, tout en offrant une histoire gothique, sombre, et dramatique. Si l’intrigue peut paraître simple par moments et le rythme un peu haché, il ne faut pas sous-estimer l’importance de cette partie pour comprendre l’évolution de la série. Dio Brando émerge comme un des antagonistes les plus marquants du manga, et la rivalité entre les Joestar et lui deviendra le moteur central de la saga.
Là où Phantom Blood excelle, c’est dans son traitement de Dio Brando.
Dio est sans conteste l’un des méchants les plus mémorables de l’histoire du manga. Son charisme maléfique, son ambition démesurée, et sa cruauté sans limites en font un personnage captivant à suivre. Bien qu’il soit clairement positionné comme l’antagoniste, sa présence domine l’histoire, et c’est en grande partie grâce à lui que l’on reste accroché à la narration. La façon dont Dio manipule son environnement et utilise le masque aztèque pour devenir un vampire surpuissant est fascinante et préfigure ses futures machinations.
Se passer de cette partie serait comme s'intéresser à Star Wars sans s'intéresser à Dark Vador, à Harry Potter sans Voldermort et croyez moi que Dio, surclasse ces deux pitres.