La parabole des talents
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le 15 mai 2021
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Ping Pong est un manga de Taiyo Matsumoto en 5 volumes lors de sa première édition par Delcourt en 2003 puis réédité cette année dans une édition prestige en 2 volumes suite au 46ème festival international de la bande dessinée d'Angoulême où Taiyo Matsumoto était mis à l'honneur.
Ping Pong nous conte le quotidien de Makoto Tsukimoto (que l'on surnomme Smile) et Yutaka Hoshino (que l'on surnomme Peco) qui sont amis depuis l'enfance quoique tous les séparent : Smile est introverti, réservé et réfléchi, Peco quant à lui est extraverti, vif et téméraire.
La chose qui les unit ? Le Ping Pong, qu'ils pratiquent depuis qu'ils sont enfants et dont Peco veut devenir le meilleur !
Je sais, c'est bref comme description, mais il y a tellement de choses qui se passent dans ces 5 tomes que je ne souhaite en rien vous gâcher l'expérience, mais si je devrais résumer ce manga en une phrase, je dirais que cet anime est une lettre d'amour au Ping Pong et à la vie !
La plupart du temps lorsque l'on dit manga de sport, on pense directement à des Shonen comme Captain Tsubasa ou plus récemment Haikyu et Kuroko no Basket, mais le papa de tous ses shonen n'est autre qu'Ashita No Joe, légendaire manga de Tetsuya Chiba et Asao Takamori qui apporte quasiment tous les codes du shonen de sport, du nekketsu et du shonen tout court même si ce manga est en fait un gekiga (signifiant dessins dramatiques, le terme gekiga vient de Yoshihiro Tatsumi, auteur entre autres de L'Enfer ou d'une Vie dans les Marges, qui voulait proposer quelque chose de différent de l'école d'Osamu Tezuka, le papa du manga moderne et son Astro, le petit robot).
Par contre, là où les Haikyu ont fusionné à l'instar de Captain Tsubasa le style de l'école de Tezuka avec Ashita No Joe en reprenant de celui-ci les codes et la construction de la rivalité, mais en préférant un aspect beaucoup moins dramatique et sombre pour être plus léger et dans l'exagération aussi bien au niveau de la représentation du sport que celle du quotidien où les expressions sont exagérées et parfois même les drames sont exagérées rendant le tout tantôt absurde et déconnecté du réel si l'intention était de toucher, mais drôle par le décalage éventuel avec d'autres personnages.
Ping Pong est quant à lui plus fidèle à Ashita No Joe dans son approche même s'il développe sa propre façon de représenter son sport par des symbolismes retranscrivant les envies profondes et les doutes des personnages sans avoir à utiliser de mots !
Nos protagonistes consiste-en :
Smile, un jeune apathique, renfermé sur lui-même, qui ne sourit que très peu bien que selon Peco, il a un sourire magnifique et qui ne montre que très rarement de l'enthousiasme. Il pratique le ping pong par simplicité et en attendant de mourir, il n'a aucune combativité ce qui le fait perdre dès qu'il tombe sur un adversaire plus déterminé que lui ... il déteste aussi quand les choses perdent de leur simplicité et qu'on lui crie dessus par-dessus tout.
Et Peco qui quant à lui, est un peu l'archétype du héros de shonen à la Sangoku : combattif, déterminé, souriant, taquineur, vif, téméraire, mais détestant perdre ... il sera l'un des personnages à le plus évoluer dû à un événement que je tairai ainsi qu'une remise en question totale de la raison pour laquelle il voulait devenir le meilleur.
Taiyo Matsumoto dépasse les clichés liés à ce type de personnage grâce à ses conflits intérieurs et les symbolismes qui sont présents tout le long du manga permettant de transfigurer des scènes fortes.
De plus, Ping Pong n'a pas peur de montrer la dure réalité tout en restant optimiste et porter vers l'avenir !
Egami, le jeune homme qui a perdu contre Tsukimoto lors du premier tournoi inter-lycée, en est un exemple frappant, car au moment où il perd, il se dit pas assez talentueux pour le sport qu'il aime en cherchant à trouver un autre moyen pour s'épanouir pour finalement se rendre compte que le ping-pong était ce qui le rendait heureux, même s'il ne pourrait pas être professionnel.
Ping Pong ne croit pas vraiment au fait de réaliser son rêve, mais préfère croire aux gens en ne montrant jamais les échecs de ses personnages d'une manière cynique, ce qui permet aux personnages de pouvoir évoluer, les montrant plus comme des hommes avec leurs qualités et leurs défauts que de " simples " personnages !
Le trait de Matsumoto est aérien, pouvant être étiqueté de " moche ", mais la beauté a autant de définitions que de personnes pour la définir (et non la beauté n'est pas subjective, s'il vous plaît arrêtez de dire cela.), donc je ne prends pas en compte cette remarque, néanmoins je peux vous dire que Matsumoto cherche davantage l'émotion et le mouvement, que le réalisme dont certaines œuvres utilisent parfois quitte à laisser de côté ces deux éléments importants ... un comble étant donné la définition du manga de la part du papa du manga moderne : " le manga est un moyen d'expression qui fonctionne sur l'émotion. " Osamu Tezuka
Au niveau du découpage, dans le manga de sport, on a l'habitude d'utiliser trois cases lorsque l'on découpe une action avec : l'action par exemple dans le Ping Pong, un attaquant qui fait un smash, la réaction, où le défenseur regarde la balle puis l'émotion où le public ou le coach retient son souffle, sauf que Matsumoto pour améliorer le rythme et rajouter de la tension ainsi que des enjeux, utilise quatre cases pour faire des tressages d'éléments avec des éléments de souvenirs ou encore de symboles jouant sur la taille des cases pour mettre en avant certains mouvements, allant jusqu'à en séquencer parfois sur une dizaine de petites cases d'action, réaction pour pousser la tension à son comble.
Ces compositions sont toutes aussi impressionnantes avec des jeux de contrastes entre les différentes valeurs tout en étant déstructuré, les proportions ne sont justement pas respectées pour avoir des cadrages à l'impact particulièrement fort.
Je n'en aie pas vraiment l'habitude d'en parler, mais je trouve que l'édition prestige en deux volumes à 30 € l'unité ne se moque pas de son client !
En effet, grand format, papier de qualité, marque-page et couverture de qualité digne de bandes dessinées franco-belges, en sachant que l'édition originale est introuvable à moins de 150 € pour une édition en format " traditionnel " pour un manga, la prestige si elle n'est pas réédité va valoir dans quelques années au moins quatre fois plus que son prix initial, alors foncez si vous souhaitez posséder Ping Pong !
Les personnages principaux : 10/10
Characterisation : 5/5
Développement : 5/5
Les personnages secondaires : 10/10
Characterisation : 5/5
Développement : 5/5
L'intrigue : 25/25
L'exposition (la présentation du sujet et du contexte) : 5/5
L'introduction : 5/5
Conclusion : 5/5
Le conflit : 5/5
Rythme : 5/5
Le dessin : 18/20
La patte graphique : 4/5
Le trait : 4/5
Le découpage : 5/5
La composition : 5/5
Note finale : 9.69/10
Niveau d'appréciation global du manga : 10/10
Personnellement, Ping Pong est l'un de mes mangas de sports préférés (juste derrière Ashita No Joe), il est si réaliste tout en ayant un graphisme particulier faisant en sorte de le faire davantage sortir du lot, ce qui est particulièrement rare dans une industrie qui a l'habitude de détruire la singularité !
Attention !
Je ne tiens pas comme seul responsable les éditeurs japonais ou du moins pas tous, car certains tentent des choses et publient des mangas qui sortent des sentiers battus, mais à part quelques exceptions, peu décollent … donc le public a aussi en quelque sorte, une part de responsabilité dans ce " manque de risque ", bien que l'on pourrait dire que certains éditeurs et la NHK se complaisent dans des mangas et animes à la SAO prenant un looser qui parce qu'il est l'élu va réussir dans une vie virtuel, ce qu'il a raté dans son existence sur terre ou encore avec des divertissements présentant un hikkikomori (grossièrement, un homme reclut chez lui) ou un otaku (venant de la préposition " o " et de " taku " signifiant maison, ce terme désigne une personne qui se dédie à une activité d'intérieur au détriment de sa vie sociale sans que ce soit nécessairement les mangas, cela peut être également la peinture, la musique, les jeux vidéos, etc.) qui tout d'un coup se retrouve au centre de l'attention …
Pour conclure, Ping Pong est un manga parfait aussi bien pour les fans de mangas de sport que de fans d'expérimentations graphiques !
Pour aller avec cette lecture, je conseillerais :
Sinon l'œuvre parle de deux frères du nom de Blanc et Noir habitant à Trésor-ville et dont le quotidien changera au moment où des Yakuzas se décident à changer la ville pour faire des affaires ...
L'anime Ping Pong : comme je l'ai mentionné précédemment dans la critique, les deux œuvres se ressemblent, mais ne sont pas pareils, du coup, je vous conseillerais l'anime de Yuasa, car il arrive à capturer l'essence du travail de Matsumoto, sans avoir peur de prendre quelques distances pour le bien du médium de l'animation.
Ashita No Joe : j'en aie déjà parlé, mais il faut le lire !
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Créée
le 30 août 2019
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