Energie
Je n'ai jamais vraiment apprécié les shônens. Pourtant, il y a des choses à sauver dans le genre : le désir de puissance, la rivalité, l'affrontement décliné à l'infini sont des choses qui ne...
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le 16 mai 2012
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Je continue mon périple dans l'univers de Matsumoto, grâce notamment à la superbe réédition intégrale en deux volumes : gros bloc cartonné, marque-page, quelques petites pages en couleurs et quelques bonus à la fin des deux volumes, DELCOURT / TONKAM nous offres une édition de qualité, c'est dommage que Number 5 n'ait pas eu droit au même traitement (je vais pas non plus bouder mon plaisir, pour les petits porte-feuille c'est quand même un très bon achat).
Une lecture chez Taiyo Matsumoto ça se finit toujours de la même façon : "mais qu'est ce que je viens de lire?!! "
Je vais sans doute répéter certaines choses, ça fera sans doute une critique de plus disant les mêmes choses mais bon j'avais besoin d'écrire quelque chose.
Avec Ping Pong Matsumoto délivre un manga des plus humanistes où chaque coup de raquette porté est un moyen d'expression vital pour les personnages.
C'est un manga sur la vie et ses différentes approches, ses différents parcours, avec ses différentes destinées incarnées par plusieurs personnages ayant une qualité d'écriture profonde et très introspective (qui se libéra dans les différents matchs et leur découpage unique).
A mes yeux chacun des personnages incarne une facette différente de diriger sa vie (et plus encore une facette de la société dans laquelle ils évoluent), je vais essayer de présenter les trois qui m'ont le plus marqué :
Smile est un adolescent introverti, peu bavard, timide, gardant ses émotions pour lui même, ne les exprimant jamais, par peur de faire du mal autour de lui peut-être? de dévoiler la bête qui sommeil en lui ? Son coach le pousse en premier lieu à libérer cette folie (pour des raisons sans doute égoïste, avoir la destiné qu'il n'a pas pu voir plus jeune), plus les matchs passent plus son mécanisme destructeur s'intensifie, mais quelque chose semble le maintenir malgré tout, un espoir subsiste, un héro doit venir le sauver ?
Petit aparté sur quelque chose de majeur dans son oeuvre et qui m'émeut à chaque fois que j'y pense :
Enfant il subissait les brimades de ses camarades (le terme est ijime en japonais) , et surtout, et ça c'est quelque chose qui est présent dans chacun des 3 titres de sa trilogie de Yin et du Yang (Amer Beton, Gogo Monster, Ping Pong), qui n'est jamais explicité, jamais présenté, qui ne fait jamais parti du script mais qui saute aux yeux, surtout quand on connait l'enfance de Matsumoto... mais où sont les parents ?? Ils ne sont JAMAIS présents dans ces œuvres-là, dans ma critique sur Gogo Monster je me posais la question de savoir pourquoi l'oeuvre m'angoissait à ce point alors que les monstres n'étaient jamais réellement montrés, les parents ne sont tout simplement jamais là pour rassurer leurs enfants...(à priori la maman de smile serait divorcée et travaillerait de nuit, donc il doit pas la voir souvent).
Tu m'étonnes qu'il y a cette thématique de la complémentarité, de l'équilibre avec deux amis d'enfances qui incarnent ce symbole de la philosophie chinoise.
Et que Smile n'attend qu'une chose que son héro "tienne sa promesse" de le sauver...rien que d'y penser je trouve ça hyper émouvant.
Il y a ensuite Kazama, ce personnage robuste, droit, impérial, rigoureux, il ne vous rappelle rien dans sa façon de concevoir la discipline sportive à travers un ascétisme qui semble tellement déconnecté de son époque? Un personnage de film vêtu d'une protection noir imposante, tiré d'une nouvelle de Mishima et adapté au cinéma par Kenji Misumi ? C'est exactement Kokubu de l'équipe de Kendo dans son film Le sabre. La même façon de concevoir le sport, dans sa douleur la plus vive, ne vivre que pour gagner, le reste signerait sa propre mort : Il y a un magnifique dialogue intérieur lors de son "combat" contre Peko qui permet de comprendre le personnage.
C'est un état d'esprit qui se rapproche beaucoup du monde de pensé japonais moderne et que plusieurs cinéastes ont essayé de décrypter : cette façon de s'intégrer au groupe tout en se battant pour soit même et s'imposer au sein de ce même groupe, c'est un peu ce qu'on nous présente depuis des années dans le cinoche japonais moderne. Kazama représente cet état d'esprit là et Smile aurait peut-être pu finir comme lui.
Peko incarne cette jeunesse moderne, cet espoir pour le japon ancré dans ses traditions et ayant oublié ses valeurs les plus nobles.
Il est "souillé" depuis de nombreuses années, tellement fort qu'il s'en accommode, restant sur ces acquis : ses adversaires l'ont affrontés "3 siècles trop tôt", lui se goinfrera de déchets alimentaires et perdra l'essence même du sport pendant 3 siècle suivant.
Je parle de souillure pour une bonne raison : Il incarne une espèce de force divine, qui s'est perdu entre temps, mais qui, débarrassé de toute impureté, purifiera les personnages cités plus hauts, les libérera, pas étonnant qu'il soit souvent présent dans un sanctuaire Shinto étant jeune.
Son entrainement s'apparente plus à une purification du corps et de l'esprit, une renaissance avec cette objectif de réapprendre le Ping Pong depuis le début, de renaître ! Qui plus est quand cet entrainement est précédé par une purification par l'eau de mer.
Il est le plus léger de tous, il donne l'impression de pouvoir voler.
Les derniers matchs de Peko sont libératoires pour chacun d'entres eux, ses balles sont purificatrices et la mise en page de Matsumoto le traduit très bien par ce découpage qui se fait moins hystérique, plus gracieux, plus stable, le tout d'un blanc qui n'a jamais été aussi immaculé.
La plupart des matchs sont de véritables scènes d'actions, surtout les matchs de Kazama qui sont de véritables boucheries, le tout est ultra dynamique, le découpage complètement éclaté, les lignes se resserrent, les angles complètements fous (c'est comme si une caméra était posté à chaque coin possible) , la balle devient projectile, on est en plein cœur des affrontements, dans le coeur de chacun des joueurs. Tout élément visuel chez matsumoto est au service de la narration, comme toujours il faut se familiariser avec son trait qui peut sembler fébrile, fragile, inconsistant, quelques pages plus tard on ne décroche plus une seule seconde.
Pour ceux qui veulent plonger dans l'univers unique de ce mangaka je pense que Ping Pong est une porte d'entrée idéale.
La lecture de celui-ci me fait encore plus apprécié l'anime, Masaaki Yuasa est vraiment le coéquipier idéale, l'âme du manga est là en plus d'avoir approfondi certains personnages et magnifié certaines scènes... Que c'est beau :'( et puis je trouve que techniquement c'est ce que Science Saru a fait de plus impressionnant.
Ah et je me suis mis au tennis de table.
Créée
le 22 sept. 2019
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