Lorsque j’ai appris que Jean-Pierre Gibrat avait dessiné une bande-dessinée érotique, mon sang n’a fait qu’un tour ! En effet, le dessinateur possède un trait magnifique, des couleurs splendides et sa façon de dessiner les femmes ne laisse jamais indifférent. Parue il y a bientôt 20 ans, Jean-Pierre Gibrat dessinait un scénario de Francis Leroi. Intitulé « Pinocchia », l’ouvrage réinterprète le conte de Pinocchio à sa sauce.
Lorsque l’érotisme revisite les contes et les mythes, cela donne souvent des histoires savoureuses. Ici, Gepetto, lassé d’être devenu vieux garçon, se construit une poupée en bois afin de pouvoir soulager ses pulsions sexuelles. Mais après l’accouplement, voilà qu’il a donné vie à sa poupée, qu’il nommera alors Pinocchia. Hélas, tout tourne vite mal et tout ce monde se retrouve rapidement en prison. Pinocchia, complètement naïve puisque découvrant le monde, est donc à la merci des satyres et des souteneurs de tous poils. Et elle se découvre un curieux don (ou malédiction ?). Quand elle ment, sa poitrine grossit…
Notre héroïne va donc passer dans de nombreuses (mauvaises) mains. Elle vatout subir et faire beaucoup de choses : lesbianisme, fessée, strip-tease, soumission… Sa candeur n’a égal que la taille de ses seins. Le tout est sacrément graveleux et les situations hautement improbables. On sent que le mythe n’est pas forcément très bien exploité. Au final, c’est une histoire classique de fille naïve tombée entre de mauvaises mains. Quelque part, on espérait un peu plus d’originalité vu le thème. Heureusement, les traits d’humour ne sont pas rares (notamment dans la narration) et donne un peu de légèreté à une histoire bien crade où Pinocchia se prostitue un peu tout le temps, forcée par des souteneurs.
Concernant le dessin, il est splendide. Gibrat possède vraiment le trait pour dessiner ce genre d’histoire. Mais pudique, il ne montre aucun sexe, se contentant des fessiers et de la poitrine de la belle. En cela, on est vraiment dans une bande-dessinée érotique et non pas pornographique. Quant aux couleurs, elles sont aussi belles que l’on pouvait l’espérer.
Au final, « Pinocchia » souffre un peu de son côté série B qui n’est pas forcément à la hauteur de la réécriture de l’œuvre dont elle est issue. Alors certes, la baleine devient sous-marin… Peut-être un peu trop graveleux pour le coup… Cependant, le dessin de Gibrat laisse sans peine oublier cet écueil et on est vite captivé par Pinocchia dont la poitrine, si généreuse pourtant, ne fait que grossir…