Difficile de ne pas être un peu égoïstement déçu que Hubert ait décidé de se consacrer à ce préquel plutôt que d'achever son histoire. L'auteur a récemment mis fin à ses jours, et ne pourra donc pas conclure sa saga de contes de fées tordus. Et vivre, aussi. Une ligne de silence.




Cependant, il nous laisse une oeuvre de grande qualité, et ce dernier tome ne fait pas exception.


Ce volume présente l'ainée du Fondateur, un géant parmi les hommes venu d'un pays de titans. Ses enfants, et leurs descendants à sa suite, sont à chaque génération plus colossaux. Pour continuer ce qui devient vite une race à part, les géants sont forcés à l'inceste, puis, après s'être présenté comme des dieux à leurs sujets, au cannibalisme. Le résultat est une bande d'ogres consanguins vivant dans des ruines majestueuses mais cradingues, entourés d'esclaves, manipulés par une caste d'humains nobles qui les prend pour prétexte afin de vivre dans le luxe.
Mais on en est pas encore là, et au lieu de l'ambiance très dix-septième siècle des tomes précédents, "Première-Née" nous introduit à un monde plus médiéval, encore relativement glorieux, mais où s'établissent déjà les fondations de la décadence. Comme dans le premiers opus, le dessinateur va s'attacher à jouer sur la taille variée des différents personnages, notre protagoniste passant, au fil du temps, d'une géante au milieu d'humains et d'égaux à une géante entourée de béhémots auxquels elle n'atteint pas les genoux. Ce qui implique, hélas, que la couverture ment et que notre héroïne n'est pas une intello de la taille d'un T-Rex. Triste, je sais. La femme parfaite n'existe pas.
Cette évolution de l'échelle va aussi correspondre à la direction de l'intrigue, ou la Première-Née, chargée de l'éducation de sa fratrie, va tenter de guider le royaume vers un gouvernement éclairé, avant de perdre toutes ses batailles face aux instincts violents de ses congénères, ce qui aboutira aux dégénérés futurs. Au moins aura-t-elle essayé, et ses efforts méneront mine de rien (et bien malgré elle) aux événements survenus dans "Petits", des siècles plus tard.


La série a donc une origine, mais pas de dénouement. Pas d'affrontements entre le sournois, grandiose et Griffith-like Yori Drakhen et Petit pour le pouvoir, pas de révolte du royaume, pas de développement sur la patrie d'origine des géants, pas de certitudes sur le destin de la lignée des ogres-dieux et leur pouvoir/tare héréditaire. Mais avec les éléments fournis, on peut extrapoler une fin cyclique, où Petit, en nouveau conquérant à la tête d'une armée étrangère, viendrait rétablir une nouvelle dynastie, avec le même résultat probable. Mais comme je suis un optimiste dans l'âme, je préfère imaginer que l'esprit de la Première-Née pourrait inspirer son descendant, et peut être l'aider à briser ce refrain néfaste.
Mais bon, je suis un peu un sentimental, même pour des histoires de Gargantuas incestueux.

Kevan
8
Écrit par

Créée

le 7 déc. 2020

Critique lue 507 fois

10 j'aime

4 commentaires

Kevan

Écrit par

Critique lue 507 fois

10
4

D'autres avis sur Première née - Les Ogres-Dieux, tome 4

Du même critique

Neon Genesis Evangelion
Kevan
5

Vide et mirages

Evangelion, c'est nul. Evangelion, c'est bien. Ces deux critiques, certes un peu restreintes, sont exactes l'une comme l'autres. Rares sont les histoires à pouvoir se vanter d'une pareille...

le 4 sept. 2013

121 j'aime

19

Evangelion 3.0 : You Can (Not) Redo
Kevan
3

Vous êtes sûr qu'on ne peut pas le refaire ?

Evangelion a toujours tendu un bras vers le sublime. Un bras cassé, hésitant, aux mains sales, mais qui avait le mérite d'exister. Il est dommage de voir qu'au bout de ce bras, il n'y a plus qu'un...

le 21 déc. 2013

39 j'aime

4

The Future Diary
Kevan
6

Je me suis fait bien eu.

Mirai Nikki, c'est cool. Et ce malgré son scénario débile, ses personnages plus stéréotypés tu meurs, ses situations absurdes, ses enjeux bizarres, son héros insupportable, son nawak ambiant.....

le 4 avr. 2014

32 j'aime

10