Librement inspirée d'une nouvelle de Maupassant, cette création franco-coréenne inédite installe une ambiance intime et mélancolique empreinte d'une hivernale froideur.
Une jeune citadine timide et discrète épouse un homme plus âgé sans vraiment en ressentir l'envie. Le couple s'installe dans une maison de campagne cédée par la famille de l'époux, mais celui-ci est la plupart du temps absent, retenu par son travail. La jeune femme se retrouve alors seule avec son ennui tandis que l'hiver approche et que les premières neiges recouvrent la campagne environnante. Le froid s'invite irrémédiablement dans la vieille bâtisse, l'homme refuse d'installer le chauffage central. La jeune mariée luttera jusqu'à la mort pour fuir cette froideur qui lui glace le corps et le cœur.
Pour cette œuvre réalisée avec l'auteur coréen, Éric Corbeyran développe un récit délicat où les dialogues se font rares, laissant place aux pensées et souvenirs de la jeune femme. Le rythme se veut lent, comme celui de son quotidien, et nous entraine avec sobriété jusqu'à l'inévitable conclusion annoncée dès les premières pages.
Byun Byung Jun, à qui l'on doit Cours, Bong-gu !, apprivoise cette ambiance froide et tranquille grâce à son trait réaliste aquarellé. Sous son pinceau, les planches se parent de couleurs majoritairement chaudes. Un choix un peu surprenant au début, compte tenu du sujet, mais elles apportent finalement une douceur harmonieuse à cette froide romance.
Fruit d'un mariage artistique réussi, Première neige est un one-shot d'une intense beauté dramatique sur les choix qui s'imposent dans la vie et qui peuvent parfois entraîner de lourdes conséquences.