Alors qu'il rénove son tout nouvel appartement, Achille trouve une lettre d'amour qui n'a jamais trouvé sa destinataire, coincée sous lino depuis les années 70. Il décide de s'accorder une pause et de partir pour Marseille en scooter, en quête de l'expéditeur du courrier. Lui-même en période post-rupture, les souvenirs encore douloureux refont surface en même temps qu'ils s'estompent.
Le thème était glissant, qui plus est avec un tel titre aux entournures bienveillantes. Mais Grégory Mardon a su trouver le juste équilibre pour aborder la reconstruction après une période difficile sans sortir les violons. Pas d'erreur, nous sommes bien chez Futuropolis.
Dans le dessin, il découpe les actions, les pensées, laisse des silences occuper l'espace. Grégory Mardon cerne précisément les sentiments et les images associées en leur accordant l'espace nécessaire, avec une grande finesse et des images métaphoriques coup de poing.
C'est aussi le carnet de voyage d'une expédition, qui a franchement la classe en Vespa. On envie son sentiment de liberté et cette impression que le temps s'est arrêté pour un temps d'introspection au grand air. On accompagne ainsi le personnage d'Achille dans son périple autant que dans ses pensées, l'occasion pour Grégory Mardon de développer son sujet et ce qui s'y rattache, l'amertume, les regrets, les souvenirs puis le détachement, sur fond de carte postale.
Une BD touchante, parenthèse mélancolique et lumineuse.