Critique de Mon année : Printemps par Biznut
Une BD sur les difficultés d'une enfant attardée. Émouvante. Taniguchi s'essaie avec brio à un style plus "européen".
Par
le 16 avr. 2014
Cette BD à la souche manga aurait pu passer inapercu tant il y a d'argument pour ce fait :
- le sujet passe sans se faire remarquer, il faut se l'avouer qui s'intéresse aux œuvres sur les handicapés hormis ceux-ci justement : les gens en bonne santé n'ont pas de temps à perdre avec les infirmes.
- l'histoire en elle-même est banale, on suit la vie d'une trisomique, génial.
- c'est inachevé, seulement un seul tome en plus, ca ne va donc pas très loin qui veut s'intéresser à des prologues ?
- les dessins sont étranges pour les fans de BD, il y'a comme quelque chose qui cloche quand on ne connait pas la source.
Malgré tout ca, elle a eu son petit coin dans l'imaginaire des gens, dans le monde du manga dit de "niche", pourquoi ?
Ca aurait pu justement rebuter aussi les fans de Taniguchi, mais là, inconsciemment, ils ne savent pas l'expliquer, mais il sait passer quelque chose : ils ont envie de l'acheter sans se poser plus de questions et maintenant ils ne s'amusent pas à s'en rappeler mais elle ne disparait pas pour autant de leur esprit, toujours là quelque part à veiller sur eux.
Qu'y a-t-il de si unique dans cette œuvre mais pourtant ce n'est pas assez notable pour qu'on en parle à tous les coins de rue.
Le couleur, principalement, mais aussi sur quoi se base cette peinture.
Sans celle-là, ca aurait été un manga à la Taniguchi tranche de vie habituelle, le fait qu'elle soit atteinte psychologiquement n'a rien d'intéressant : tout le monde voit bien que ce qui importe c'est le comportement des parents, qui aurait pu se montrer de cette façon avec ou sans la trisomie 21.
On peut balayer ca du regard et rapidement refermer l'ouvrage si on ne perçoit pas les subtilités de la narration par le découpage extrêmement lent, à tel point qu'on a littéralement l'impression qu'il ne s'est rien passé et qu'il faut obligatoirement plusieurs tomes pour apprécier le récit.
Peu importe l'évolution de l'action, ce qui compte c'est l'air dégagé par les sentiments puissants des deux géniteurs épuisés.
Avec des petits changements dans leur manière, ils modifient l'éther de l'œuvre, des battements de papillons multiplié exponentiellement par 60 à la dernière page, dans ton intellect.
Il suffit de voir sur quoi se porte leur attention et comment cela peut impacter leur routine, ce qui donne un cachet puissant tout en restant intimiste ce sont les émotions ensevelies des protagonistes qui ressortent malgré un compactage de BD très molle et leur conformisme sociale.
Ce qui fait ressentir ca aux gens, inconsciemment, c'est la couleur, je ne saurais décrire cette chatoyance juste qu'elle étincelle chaque détail et allume un feu à chaque pivot psychologique : tout devient si brillant de beauté et t'explose au visage quand les pensées enfouies s'échappent violemment, sans un bruit, de leur cage de béton terne.
Un monde s'extirpe d'une base de ciment, une véritable chaine de montagne qui se superpose au relief des dalles posées froidement. Chaque ton est là ou il faut, mais c'est normal l'environnement s'épanouit le plus justement du monde car on lui laisse toute la place pour sublimer.
Ils ont tout le ciel pour nous montrer les étoiles.
Celle-là donne de l'épaisseur au monde en noir et blanc, insipide, des histoires de vie de Taniguchi.
Il est sorti de la pudeur du Japon, de l'évidage des âme, pour affronter l'Europe avec toutes les flammèches brulantes des individualités.
Peu importe l'histoire ce qui compte ce sont les personnes, elles ont tant à apporter aux autres... personnes justement.
Celle-ci ne devrait être qu'un support et pourtant ca devient le principale intérêt des gens, oublient leur vie quelques heures, c'est devenu ca l'intérêt d'une fiction.
Moins ca se rattache au réel plus ils sont content, et pourtant ils veulent que l'on filme ca réalistiquement pour pas qu'ils se sentent dépaysé.
Les teintes ternes de leur quotidien restent mais les objets se modifient : se projetant tellement dans leur environnement, ils se soumettent à ses projets et leur unique objectif est de lui donner leur travail et leur vie pour son évolution à lui.
Le mensonge peut-être si confortable que l'on en a l'impression de plus sortir de son lit.
Les hommes ont disparu depuis que les vainqueurs racontent des histoires.
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Créée
le 28 nov. 2023
Critique lue 7 fois
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