La dernière livraison de bandes dessinées uchroniques, variante « Seconde Guerre mondiale », arrive avec la mini-série USA über Alles (trois tomes prévus), avec l’inévitable Jean-Pierre Pécau au scénario (et une autre vieille connaissance du genre au dessin, Maza).
L’histoire commence en 1947, dans la Zone 51, quelque part dans les Landes, avec des ingénieurs alliés essayant de faire voler un improbable prototype allemand (un Arado E-555, pour ceux qui s’interrogent). Lequel se transforme en chaleur et lumière et, avec lui, le dernier pilote d’essai du Projet Aurora, qui donne son titre à ce tome.
C’est alors qu’un certain Marcel Bloch, arrive et propose ses services, notamment l’aide d’un de ses anciens pilotes d’essai, Nicolas Charlier. Problème: ce dernier, anciennement de l’escadrille Normandie-Niémen, a disparu à la fin de la guerre. Mais, comme par hasard, le voici qui réapparaît, ce qui entraîne la méfiance des services secrets.
Mis à part le gros vion très bizarre – et très moche, comme le fait remarquer Marcel Bloch – l’aspect uchronique de USA über Alles tarde à apparaître et, quand il le fait, mon WTF-o-mètre est immédiatement propulsé dans le rouge.
Si le point de divergence est raisonnable – l’amiral Darlan fait défection, échappe à l’attentat qui lui coûte la vie dans notre réalité, et devient le chef de la France libre – l’idée d’avoir un débarquement en Normandie qui réussit au point que les Alliés atteignent le Rhin en moins d’un mois est par contre très douteux.
Alors certes, on peut en conclure, avec la réussite de l’Opération Walkirie et la destitution d’Hitler, que les Nazis ont un peu fait exprès de se faire marcher dessus. Eisenhower accepte un armistice à l’ouest, l’Allemagne se dénazifie à marche forcée et tout ce petit monde, allié dans la joie et la bonne humeur, va tabasser du Soviétique. Seulement, je trouve que ça demande une suspension volontaire d’incrédulité assez conséquente.
C’est le gros défaut de ce premier tome qui, au demeurant, est plutôt lisible, même s’il se compose en majorité d’un gros retour en arrière, où le Nicolas Charlier dont il est question au début raconte ses aventures de guerre au temps où Union soviétique et France étaient alliés pour taper sur du Boche. C’est un peu long, mais je suppose que c’est nécessaire pour la suite.
J’ai l’impression que cette trilogie devait, à l’origine, paraître dans la collection Jour J. Si c’est le cas, l’idée de l’en extraire pour donner naissance à une série autonome n’est pas mauvaise. Cela peut donner un peu d’air à certaines des uchronies qu’on peut y lire, à l’étroit dans un format mono-album.
En l’état, ce premier tome est intéressant à lire; pas follement enthousiasmant non plus, mais très correct. J’espère que les zones d’ombre de l’uchronie vont être un peu mieux expliquées et que l’intrigue va se développer, mais c’est un bon début. On sent d’ailleurs que Maza a un peu pris de l’expérience avec son travail sur d’autres tomes de Jour J et sur Wunderwaffen.
Bref, j’attends de voir la suite, mais c’est pas trop mal engagé, pour le moment. N’en attendez pas non plus des merveilles, mais USA über Alles – malgré son titre un peu ridicule et, pour le moment, pas vraiment justifié – est une bande dessinée honnête dans cette fort bien nommée collection « Série B ».